Voilà un livre assez étonnant, roman d'aventure à la portée mythologique écrit dans une langue qui chante. Soit un jeune homme vivant dans une auberge, découvrant le livre de Stevenson, L'île au trésor. Soit un réalisateur tournant une superproduction avec une reproduction de trois-mâts, adaptant le même roman. Soit un vieux loup de mer laissant une carte cryptique, et un équipage de forbans méditant un mauvais coup.
On l'aura compris, Sous ce titre de Hubert Haddad se cache un hommage à Stevenson, ainsi qu'à la littérature d'aventures. Le roman, émaillé de termes de marine anachroniques, restitue les émois de Jim Hawkins dans une intrigue modernisée en forme de mise en abyme.
Le roman de Hubert Haddad est écrit dans une langue imagée, avec certains passages qu'il faut relire plusieurs fois pour en saisir la beauté et la pertinence. Le revers de la médaille, c'est que cela nuit à l'aspect aventure du récit, qui tourne court, écrasé par les métaphores et une dimension mythologique. Concernant certaines descriptions imagées, j'ai eu beau les relire plusieurs fois, j'ai eu du mal à en saisir l'intérêt, je dois le dire. Par ailleurs, détail amusant (et de peu d'intérêt), une erreur s'est glissé dans le texte, un albatros évoqué au début du roman est devenu plus tard un cormoran.
Si le projet était de renouer avec l'émoi du récit d'aventures, le pari n'est donc pas tenu, le style étant trop surchargé par rapport à ce qu'il raconte. Restent les descriptions sidérantes, et la croyance en la puissance de la littérature, capable ici de modeler le réel.