J'avais vu L'impossible monsieur bébé alors que j'étais un adolescent, pas plus attiré par le cinéma que cela. Je n'avais pas aimé. Il était donc dans ma liste de films à revoir absolument. En le revoyant, je retrouve les raisons pour lesquelles je ne l'avait pas apprécié à l'époque, mais... eh bien, les goûts changent.
L'impossible monsieur bébé impose sa propre logique. Si on déplie l'intrigue, l'ensemble fait à peu près sens, si on n'y regarde pas de trop près. Soit une vieille dame richissime qui veut un léopard. Mais elle est absente, et c'est donc sa nièce qui le réceptionne. Ne sachant pas que ledit léopard est un cadeau pour sa tante, elle décide de le cacher. Et donc, quiproquos en pagaille, à un rythme effréné : la screwball comedy y gagne un de ses fleurons.
Mais en fait, rien n'a de sens. Les gags s'enchaînent pour le plaisir, et à une telle vitesse que leur enchaînement devient d'une logique à toute épreuve. Et au milieu, il y a ce léopard, venu d'Amérique du sud, comme tout léopard qui se respecte?! (un jaguar, donc?). On sent tout le plaisir qu'est pour Hawks le fait de filmer la bête.
L'ensemble donne un film qui va jusqu'au bout de sa logique, et qui se paye le luxe, avec ses gags, ses dialogues pleins de non-sens, de développer comme intrigue principale le tiraillement de Cary Grant entre sa façade respectable et son mariage prochain, face au tourbillon étourdissant que représente Katharine Hepburn. Car si le personnage de Cary Grant est apparemment une sommité dans son domaine (les vieux os!), sa vie est morne, et sa fiancée compte le régenter d'une main de fer, refusant les enfants pour ne pas perdre de temps. Autant dire qu'il ne peut que tomber sous le charme du personnage de Katharine Hepburn, et de son léopard répondant au doux nom de Baby (c'est transparent). Et donc, à la fin, la vie ancienne du personnage de Cary Grant s'écroule pour mieux recommencer, dans une métaphore elle aussi on ne peut plus transparente.
Et tout ça, avec uniquement des gags. Bravo.