Miller la pâtée
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Mad Max 2 est profondément ancré dans une esthétique datée qui fait de ses méchants des punks SM et homosexuels. Pour en finir tout de suite avec les mauvais points, disons que la musique de Brian May est, au mieux, discutable.
Mais ce qu'il y a de vraiment bien, avec cet opus, c'est ce nihilisme sans cesse renouvelé, dont même le dernier opus, Furiosa, dopé aux effets numériques, ne s'est pas départi. Dans ce monde fini pour l'homme, il n'y a d'horizon que dans la fuite. Par ailleurs Fury road avait réussi à convoquer de manière très convaincante l'aspect baroque à souhait de la franchise. Et chacun de ces trois films s'achève sur une fuite vers un ailleurs meilleur qui ne sera pas montré, dont on sent que, bien sûr, il n'existe que dans l'espoir des fuyards.
Mad Max 2 réussit, quarante ans plus tard, à ne pas pâtir de la comparaison avec ses descendants hors de prix. Avec son final vertigineux qui convoque tout ce que sera la saga en terme de mythologie, son héros désabusé et égoïste façon Je suis un aventurier, le nihilisme de tous les protagonistes qui ont perdu leur humanité en perdant tout espoir, il lui reste malgré tout une étincelle d'humanité, conférant au film sa dernière touche. Ici nous avons cet enfant sauvage et mutique, car à quoi servent les paroles dans un monde où chacun en est réduit à ses fonctions primaires, qui évoque le devenir animal de l'espèce humaine en une scène où il imite le cri du coyote (j'imagine que c'est du coyote, en tout cas). Et cet enfant soudain redécouvre ce que c'est que d'être humain, grâce à une rudimentaire boîte à musique. Il y a la communauté assiégée, communauté qui retrouve l'espoir grâce à un filon inespéré de pétrole, et qui le défend envers et contre tous, dans le rêve utopique qu'ils puissent reconstruire un fac-similé de civilisation. L'espoir, finalement, est ce qui permet de redevenir humain, comme la lucidité, et donc la conscience de la futilité des efforts pour survivre, est ce qui déshumanise, rend fou, comme nous l'apprend le personnage de Dementus dans Furiosa.
Et si George Miller était au fond un utopiste, dont la lucidité ne lui permettrait pas de croire en ses rêves, mais se refusant à les abandonner? "Je le souhaite plutôt que je ne l'espère" était déjà le crédo de L'utopie de Thomas More. On pourrait sans peine l'appliquer aux fausses "happy end" de George Miller.
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il y a 5 heures
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