[Attention spoilers]
J'ai beaucoup de curiosité pour les cultures natives américaines, donc j'ai perçu ce roman comme une occasion de joindre l'utile à l'agréable puisqu'il nous plonge dans le quotidien d'une tribu cheyenne. En cours de lecture, je me suis heurtée cependant à plusieurs problèmes :
-le format journal qui cherche à se donner les apparences du réel alors que le style est bien trop littéraire pour qu'on y croie.
-La longueur de la première partie (voyage jusqu'au camp, présentation de toutes les futures épouses) que j'ai fini par zapper pour commencer directement avec l'arrivée dans la tribu
-Le propos très naïf et les descriptions extrêmement stéréotypées des personnages. Par exemple il y a une Suisse allemande, donc «forcément» c'est une grosse dondon autoritaire et joviale à la fois qui fait des concours de bras de fer et parle avec un accent à couper au couteau. Même à l'agonie elle s'exprime comme un SS de comédie franchouillarde post- 2eme GM, ce qui sape toute la dimension tragique du moment. J'ai fini par zapper tous ses dialogues tellement c'était irritant. C'est peut-être une question de version française, mais honnêtement je suis pas sûre que l'effet soit plus heureux dans la VO. A côté de ça les jumelles irlandaises sont rousses avec des tâches de rousseur et ont toutes les deux un tempérament gouailleur et roublard à la fois, la Britannique a un air constamment surpris et interrogateur sur le visage et Phémie l'ancienne esclave renoue avec sa fibre "sauvage de la savane" au contact des Cheyennes. Eux-mêmes font figure de bons sauvages candides, impulsifs et peu civilisés.
C'est sans compter le peu de vraisemblance de l'histoire : "comme par hasard" l'héroïne est mariée au chef, la sourde-muette au sourd-muet, l'esclave noire au seul Noir de la tribu et les soeurs jumelles à des frères jumeaux.
En somme c'est plein de bonnes intentions, mais... c'est tout. Le livre échoue totalement à générer de l'empathie pour des personnages aussi unidimensionnels et le propos est souvent confondant de naïveté, ce qui est très problématique pour un sujet aussi grave.