Œuvre de théâtre pas très connue, que son auteur, Victor Hugo, alors exilé au temps de la Restauration, mais avertisseur de conscience, pourrait écrire et faire jouer maintenant, sans un iota de modification, tellement elle singe l'actualité.
Et pas une pâle singerie... une bien chauffée à blanc.
Or V. Hugo ne la jamais fait jouer de son vivant. N'a jamais voulu...
Il a fait savoir en 1866 :
Mon oeuvre paraîtra le jour où la liberté reviendra.
Il déclarait en 1849 à l'assemblée nationale :
Je ne suis pas de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde, mais suis de ceux qui pense qu'on peut détruire la misère... Les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car en pareille matière, tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli.
L'intrigue oscille entre drame social, celui des affres de la finance (cette France des coffre-forts) et farce grotesque, centrée autour de Glapieu. Il en est le personnage clé, bagnard mi-poète, mi-augure auto-réalisateur. Sorte de grand gavroche qu'on pourrait voir en rappeur, donne à fond dans la libre critique et dénonciation de la misère et l'injustice assénée par les riches et puissants du moment, relayée par les dits hommes de loi (huissiers ou avocats fantoches près à tout pour sceller la magouille);
le texte n'a rien de ringard, relève à certain moment du pamphlet, et à d'autre, d'une sublime dérision...
Avons beaucoup apprécié l'interprétation de la compagnie 'Le temps est Incertain Mais on joue quand même !'
mis en scène par Camille de la Guillonnière.