A 83 ans, Jean-Paul Belmondo s'est enfin décidé à publier ses mémoires, relater cette vie incroyable, nous remémorer tous ces films que beaucoup d'entre nous ont découvert dans leur jeunesse...
Je vais parler de ce livre très attendu en deux temps, du côté cinéphilique et de celui du grand public, qui ne connait souvent que la face visible de l'acteur.


J'ai vu depuis l'enfance les films de Belmondo, je l'ai adoré dans A bout de souffle, Le magnifique, Le professionnel, L'homme de Rio, et bien d'autres ; c'est un personnage qui a bercé ma cinéphilie. Autant dire que je me suis beaucoup renseigné sur l'acteur et l'homme, comme c'est souvent le cas dès que je m'intéresse à quelqu'un (ou quelque chose).
Autant dire que pour toute personne s'intéressant un tant soit peu au cinéma, on n'apprendra grand-chose, sauf les pitreries que lui et ses potes faisaient durant les tournages, et son apparente décontraction avant de tourner qui cache un fait un bosseur, avec la volonté ferme d'apprendre ses textes. Le livre n'est pas technique pour un sou, il se lit plutôt sur les souvenirs de Belmondo depuis son enfance, jusqu'à son envie d'être acteur, en passant par ses échec au Conservatoire, et le succès surprise d’À bout de souffle qui le lancera dans la cours des grands.
C'est certes agréable de lire cette biographie par celui qui a vécu toutes ses aventures, mais en termes de cinéphile, vous n'y apprendrez strictement rien.


Quant au grand public qui ne connaissait que Belmondo à travers sa caricature du toctocbadboum et des cascades, c'est surtout l'histoire d'un homme qui, au sortir de la guerre, n'aspire qu'à une seule chose ; s'amuser ! Il faut dire que, âgé d'une dizaine d'années, lui et son frère avaient été recrutés par un curé pour aller récupérer dans une forêt près de leur maison des cadavres de soldats américains, puis les transporter et les placer dans des cercueils. Cette anecdote aurait pu transformer le garçon qu'était Belmondo, mais son naturel joyeux prenait le dessus, et il a toujours pris le parti de prendre la vie du bon côté, quitte à déconner aux moments inopportuns.
C'est aussi bien des gags très drôles en compagnie de Jean-Pierre Marielle à l'époque du Conservatoire ou de mettre de la farine dans la climatisation d'un hôtel brésilien en passant par des jets de meubles dans des maisons, toute la jeunesse de Belmondo n'a l'air d'être propice qu'à l'amusement.


Si le livre dépasse les 300 pages, il est à noter qu'une grande partie couvre essentiellement les quarante premières années de la vie de l'acteur. Toute la suite est très (trop) rapidement expédiée, quand ce ne sont pas des films ou des périodes entières qui sont évincées.
Je me doute bien qu'en raison de l'état de santé de l'acteur, ce n'est pas lui qui a écrit (d'ailleurs, son fils Paul est crédité ainsi que la nègre de tas de biographies, Sophie Blandinières) ; j'imagine bien que tout a été dit à l'oral et que les véritables auteurs ont tenté de créer une chronologie, avec toutefois quelques avances rapides dans le temps.
On est très proche de la biographie autorisée, où des personnages importants de la carrière de Belmondo ne sont pas évoqués une seule fois (René Château en tête ou sa dernière compagne Barbara Gandolfi...), des films absents ou presque ou son AVC survenu en 2001 qui est noté en seulement quatre lignes ! On voit bien qu'il y a eu un travail de relecture, et c'est fort dommage, car il y a quelques passages plus intimes qui sont présents, et de manière touchante, comme la mort de sa fille Florence.


Comme je le disais plus tôt, le livre revient surtout sur la jeunesse de l'acteur, est souvent précis sur ces films marquants, mais j'ai l'impression que LE livre sur Belmondo reste encore à écrire.
Ça peut être intéressant pour qui s'est intéressé à l'acteur, mais on va dire que ça reste trop survolé pour satisfaire totalement.

Boubakar
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le 9 nov. 2016

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