Un appel au nine-one-one, le service d'urgence de la police, pour signaler un individu qui a refourgué un billet contrefait à la caisse d'une supérette l'officier de police Gordon plaque l'individu à plat ventre sur la chaussée afin de lui enfiler les bracelets, un genou sur le dos et l'autre sur le flanc pour le maintenir au sol, Emmett, un homme noir, père de trois enfants, meurt étouffé comme un goret, asphyxié sous le genou d'un flic blanc. Nous sommes à Milwaukee une ville raciste depuis des siècles.


Inspiré par le meurtre de George Floyd en mai 2020 ce roman nous offre une plongée sidérante dans l'Amérique, de la présidence de l'ancien acteur à celle du guignol à moumoute. Dans ce roman choral, ce sont les voix de ceux qui l'ont connu qui vont raconter Emmett, Authie et Stoke ses amis d'enfance, son institutrice à l'école primaire, Larry son coach à l'université, Nancy sa fiancée blanche. Louis-Philippe Dalembert retrace la vie dans un de ces quartiers abandonnés, la récession, la désindustrialisation, le chômage, le crack qui déboule dans la foulée, dealer le seul moyen de survivre. La violence, la discrimination, les contrôles de police injustifiés, les humiliations, la haine raciale portée par les suprématistes blancs. Les temples et les prières derniers refuges pour des mères qui ne vivent que pour leurs enfants.


Louis-Philippe Dalembert décrit l'envie de mettre les voiles pour essayer de changer son rêve en réalité, la réalité c'est un système scolaire où le seul moyen pour les jeunes du quartier filles ou garçons de mettre un pied à l'université, c'est d'être bons dans un des quatre sports majeurs Football, Basket-ball, Baseball ou hockey et ainsi obtenir une bourse. La contrepartie c'est la pression, le syndrome de l'imposteur qui n'est pas à la place où il doit être, la peur de l'échec, la hantise de la blessure, le rêve qui se brise et traîner toute sa vie la honte d'avoir échoué.
Un plaidoyer pour la tolérance porté par la voix de Ma robinson une ex-matonne devenue pasteure à la retraite qui manie le verset comme autrefois la matraque.


Un roman saisissant, humaniste, engagé qui nous interroge, une plume réaliste, une construction très originale pour traiter avec retenue et finesse de ce sujet délicat qui gangrène encore la société américaine. Comme l'écrit l'auteur : la fin officielle de la ségrégation a laissé des blessures qui vont mettre du temps à cicatriser, tout ça ne s'efface pas du jour au lendemain.

feursy
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le 30 oct. 2021

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Yves MONTMARTIN

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