Membre de la liste des dialogues suspects, le Minos souffre souvent d'être mis avec l'Hipparque, dialogue médiocre sur la cupidité. Le Minos est un court dialogue (une quinzaine de pages) sur la loi, au sens le plus large du terme. Comme l'Hipparque, le Minos porte son nom d'un personnage historique, dont l'histoire est racontée et louée par Socrate dans une tirade assez longue. Comme l'Hipparque, le dialogue est court (bien que le Minos soit un brin plus long). Et comme l'Hipparque, le Minos est un dialogue entre Socrate et un disciple anonyme où aucun contexte n'est donné et où le sujet principal est directement imposé.
Pour autant, à la différence de l'Hipparque, la conversation est plus soignée, les arguments plus beaux et on se laisse mieux guider par l'écrivain. Certes, nous sommes loin de la beauté d'un véritable Platon mais pour autant, on ne passe pas un mauvais moment. Bien que trop court et s'inspirant clairement de la tradition socratique, le dialogue reste un moment court et agréable mais doté d'une bien faible profondeur.
La fable historique, qui donne son nom au dialogue n'a guère d'utilité philosophique mais offre un bon moment d'Histoire. On note la tentative de relier les deux parties du célèbre mythe de Minos.
Au-delà de l'amusement de la lecture et du bon moment, on est amené à s'interroger avec ce dialogue à ce qui amène la reconnaissance ou non d'un dialogue de Platon.
Le Second Alcibiade a cette chance d'être linguistiquement impossible. Il n'aurait pas pu être écrit par Platon, les preuves sont linguistiques et ultimes. Mais, pour les autres dialogues suspects, l'excuse est toujours la même : on critique la beauté de l'écriture et la profondeur de la pensée. Mais, et c'est là où s'est vicieux, comment juger des dialogues qui, si ils ont été écrit par Platon, l'aurait été à son début d'activité ?
On connait l'argument du Clitophon : une introduction alternative de la République. Pour le Minos, cela n'est pas possible. Certes, nous n'avons pas le contexte et le dialogue manque de la vie, si précieuse, qu'on retrouve chez Platon. Mais, ce que je voudrais pointer du doigt, ce sont les deux Hippias et l'Alcibiade Majeur qui, clairement, ne sont pas exempt des défauts que l'on retrouve souvent dans les dialogues « suspects » qui sont, sommes toute, apocryphe.
Il n'empêche que là où le Second Alcibiade trouve un intérêt par lui-même pour la qualité de sa réflexion, et là où l'Hipparque semble être d'une inutilité profonde, le Minos est un entre-deux relativement agréable sur lequel il n'y a pas intérêt à s'attarder mais que rien n'interdit de lire.