La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
À la brigade criminelle de Copenhague, Carl Morck reprend le service après une mission qui a mal tourné.
Enquêteur hors pair, détesté par ses collègues à cause de son sale caractère ; nommé à la tête d'un nouveau département chargé des affaires classées mais non élucidées, le département V ; parqué au sous-sol, isolé de ses collègues ; Carl Morck, c'est Mulder, sans le fantastique.
Au sous-sol, il passe ses journées à attendre que ce soit l'heure de partir, et à repenser à sa dernière mission, au coéquipier qu'il a perdu et au deuxième qui est devenu handicapé moteur. Le seul à s'en être tiré indemne, c'est lui, et ça le ronge.
Quand il se rend compte que son patron a utilisé le financement du département pour son propre service, il exige un assistant. On lui envoie Assad, un réfugié politique syrien, qui est chargé de nettoyer les sols , faire le café et ranger les dossiers.
Mais avec Assad et l'arrivée des dossier non élucidés que les secrétaires de l'étage lui amènent enfin, Morck-Mulder doit se mettre au travail.
C'est comme ça qu'il se lance dans l'affaire Merete Lynggaard, l'étoile montante du parti démocrate et de la politique danoise.
En 2002, la jeune femme a disparu du ferry qui l'emmenait en week-end. La police n'a jamais retrouvé son corps.
Mais Carl creuse, il gratte du côté du frère handicapé mental, qui a été placé en institution ; de la dernière secrétaire de Merete, engagée peu de temps avant sa disparition ; d'un éventuel rendez-vous galant avec un homme, alors qu'elle ne sortait jamais ; d'un politicien collant, qui n'arrêtait pas de lui envoyer des petits mots. Il y a de quoi creuser. Surtout que Carl ne peut s'empêcher de pester contre le travail bâclé de ses collègues, avec un dossier approximatif, et une foule de pistes non élaborées. Ca le rend dingue, et plus il creuse, plus il se passionne pour l'affaire, jusqu'à la découverte d'une piste potentielle, de celles qui peuvent lui faire résoudre le cas.
Jussi Adler-Olsen alterne les passages de Carl Morck avec ceux de Merete Lynggaard, qu'on découvre peu avant l'accident du ferry. Ce qu'on apprend surtout, c'est que la vie de Merete ne s'arrête pas là. Elle n'est pas tombée à l'eau, elle a été kidnappée, puis emmenée dans une cellule vide et aveuglante, mais surtout pressurisée. Chaque année à son anniversaire, la pression de la cellule est augmentée d'un cran.
Même si le schéma de l'enquêteur mal aimé mais doué dans ce qu'il fait a été suremployé, la recette de Adler-Olsen ne prend pas le lecteur pour un petit mangeur. Avec une écriture sobre, directe et franche, Miséricorde est à mi-chemin entre ce qu'on connaît de la réalité policière et ce que la télé nous renvoie. C'est puissant, brut et alléchant.