Claustration du corps et de l’esprit dans un huis clos haute tension. Terrifiante dérive de l’aliénation du lecteur à son héros littéraire. Le film édulcore en partie des scènes de torture physique qui sont assez détaillées dans le roman mais la tension psychologique est clairement plus suggérée dans le film ...
Immédiatement pointe la pathologie puis la monstruosité d'une fan dépossédée d'elle-même. L’admiratrice Annie Wilkes s'est perdue psychiquement dans des rêveries et le monde fictionnel de son héroïne littéraire, Misery. Dans une montée en tension croissante, l'infirmière dévouée auprès de l’écrivain blessé devient un bourreau psychopathe, frustrée par la décision de ce dernier de faire mourir son héroïne, afin de passer à un autre genre de littérature.
Paul Sheldon est devenu prisonnier de son lectorat et doit s'exécuter sous une menace qui se transforme en sadisme. Les rapports de domination et de pouvoir célébrité/ s’inversent : le personnage actif devient passif et inversement. Dans ce film, l'horreur ne surgit pas du surnaturel mais de "l'humain" . Images en gros plans et en contre-plongées focalisées sur les deux protagonistes apportent un climat anxiogène tout comme la sensation de l’enfermement. Misery n'est pas seulement le nom du personnage qu’a inventé Paul Sheldon mais ce qu’il va subir : « misery » signifiant « souffrance » et « malheur ». La souffrance mentale de l’écrivain en panne d'inspiration va devenir souffrance physique. C'est une réflexion sur l’obsession compulsive de certains fans vis-à-vis de leur artiste préféré, et la pression qu'ils peuvent mettre de façon positive ou négative sur des œuvres.