"Si j'existe, j'existe / C'est d'être fan", chantait Obispo, dans un tout autre registre (quoique certains diront que l'on reste dans le domaine de l'horreur, mais passons). Annie Wilkes, "l'admiratrice numéro un" de l'écrivain Paul Sheldon, semble en tout cas partager ce point de vue à un stade qui dépasse son propre entendement, puisqu'il s'agit là de folie furieuse, ni plus ni moins, avec tous les comportements extrêmes qu'elle peut susciter. Aussi, lorsqu'elle tombe par hasard sur son romancier favori au détour d'une route enneigée et qu'elle découvre qu'il a subi un grave accident, elle saute sur l'occasion pour le ramener chez elle, dans le but initial de le soigner. Mais un évènement particulier viendra mettre le feu aux poudres et Paul découvrira alors avec effroi que s'il veut avoir une chance de survivre, il devra réparer la terrible "erreur" que, selon elle, il n'aurait jamais dû commettre.
Le pitch était déjà séduisant, mais Stephen King réussit à le développer avec brio, brodant de sa plume inspirée un huis clos des plus haletants, agrémenté de quelques scènes gores auxquelles, personnellement, je ne m'attendais pas. L'une des forces de ce livre, c'est en effet cet équilibre qui le caractérise, où se mêlent avec une facilité déconcertante le thriller, l'angoisse et l'épouvante, que l'auteur semble maîtriser de bout en bout. "Misery" possède également une vraie profondeur, notamment dans les relations parfois ambigües qui unissent les deux protagonistes, la lente et douloureuse (au sens propre comme au figuré) descente aux enfers de Paul et son cheminement psychologique, son propre lien avec Misery, une héroïne qu'il a fini par détester, ou encore la réflexion sur le métier d'écrivain engendrée par son effarante mésaventure. En atteignant la dernière page, on hésite, on se perd en cherchant à savoir ce qui fut le plus horrible pour lui : la séquestration ? La perte d'identité ? La "prostitution littéraire" dans laquelle on l'a forcé à s'engouffrer ? Puis la réponse s'impose d'elle-même : le pire, c'est évidemment cette Annie Wilkes, ce monstre tout ce qu'il y a de plus humain, d'autant plus effrayant qu'il n'a pas vraiment conscience de sa propre monstruosité. Tout ce qu'on sait, c'est qu'on aurait pas aimé être à la place de Paul, même pour tout l'or du monde... .
Psychedeclic
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le 11 févr. 2011

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Psychedeclic

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