Je suis une piètre littéraire. Pourtant j’aime lire, j’ai fait une prépa, je suis en master de Création Littéraire, j’écris. Cependant, cela fait un moment que mon centre d’intérêt est passé de la lecture aux jeux vidéo. Cela fait un moment que j’ai du mal à acheter un livre parce que je ne sais pas s’il me plaira, parce que cela fait un moment que je ne sais plus trop ce que je cherche dans un roman. La seule piste que j’ai, c’est que j’ai envie d’idées nouvelles, qui me font réfléchir, et c’est difficile à savoir en lisant la quatrième de couverture et en zyeutant quelques pages.

Je ne m’intéresse pas au style.
C’est pour cela que je suis une mauvaise lettreuse. Ce qui devrait focaliser mon attention, je n’y songe pas un instant. Pour dire, j’ai même du mal à définir le style de mon roman préféré, que j’ai lu quatre fois (il me semble) et connais quasi par cœur. Les phrases y sont-elles courtes ou longues ? Aucune idée. Je pencherai pour longue, connaissant la propension de l’auteur à étaler sa maestria. Je sais qu’il utilise de nombreuses allitérations et jeux de mots, mais ce n’est pas assez pour définir le gros de son œuvre.
Alors imaginez ma surprise quand je me suis dit que le style de la trilogie Mistborn – lue en anglais – de Sanderson était inintéressant, basique, voire par moments mauvais. Bienvenue dans cette TIQUE.


Les trois tomes de la trilogie *Mistborn* sont sortis entre 2006 et 2008 ce qui, vu la taille des volumes – 700 pages environ par tome – est un rythme impressionnant : de manière générale, l’auteur est excessivement productif, ce qui peut expliquer le peu de recherche sur le style. Petite précision : je ne m’intéresse pas ici aux autres livres de la série *Mistborn*, que je n’ai pas lus. 
Cette trilogie se concentre globalement sur Vin, une magicienne (en gros) qui, avec un groupe de magiciens-voleurs va essayer de renverser le Dernier Empire et gérer tout un tas de crises diverses. On y retrouve un nombre de personnages finalement assez restreint (moins de dix), tous assez bien définis. Y sont abordés les thèmes de la religion, du prix à payer pour le moindre mal, de la politique (totalitarisme, démocratie, royauté).
Pour des raisons de *spoil*, je ne peux guère en dire plus sur le monde de cette trilogie. Pourquoi ? Parce que c’est, en réalité, le cœur des livres. En fait, j’ai l’impression – sans doute vraie –que Sanderson a créé un univers et a décidé d’une intrigue pour le dévoiler petit à petit. Ainsi, si l’on apprend assez vite que les magiciens de ce monde peuvent « brûler » certains métaux qu’ils avalent pour obtenir des pouvoirs, la complexité et la richesse de l’univers vont lentement être révélés, coups de théâtres après révélations, afin d’en avoir une image quasie complète à la fin (les autres bouquins de la série semblent dévoiler encore d’autres bouts de l’univers).
J’en profite pour saluer une des révélations du tome 2, qui parvient à être méta sans pour autant donner de gros coups de coude dans le flan du lecteur. Habile et subtile, j’ai particulièrement apprécié. Tant qu’à faire, je décerne à cette trilogie la palme du fusil de Tchekhov le plus préparé : il faudra 2000 pages pour qu’un élément d’intrigue soit utilisé. Voilà. Le monde de *Mistborn* est construit à ce point. J’ai même dû renoncer à essayer de deviner le scénario à l’avance, tant toute l’intrigue tourne autour de la compréhension des règles et histoires de cet univers.
Mais justement, c’est là son défaut. Arrivée au troisième tome, j’étais tentée de sauter tout le « remplissage » pour me concentrer sur les révélations. Oui, remplissage : on n’écrit pas plus de 2000 pages sans un peu d’eau dans son vin. Clairement, le deuxième tome est le pire pour ça et forcément, puisque c’est le livre de la transition. Globalement, on a l’impression que peu de choses se passent après le premier tome, que chaque situation au début d’un tome va durer jusqu’à la fin (ce qui est assez vrai, en fait). Mention spéciale à un personnage – dont je tairai toute indication – dans le tome 3 qui est littéralement baladé de gauche à droite pour, sans doute, éviter qu’il ne livre ses informations trop tôt. Quelques points d’intrigues sont un peu limites également (dans le 3 aussi, un personnage est, disons, corrompu de manière un peu trop accidentelle pour ce que ça semble cohérent, mais bon). Cependant, l’édifice est très solide et franchement impressionnant. Tout semble avoir été pensé à l’avance pour que les pièces du puzzle s’emboîtent lentement mais précisément. C’est un véritable tour de force et la raison pour laquelle je pense lire plus de cet auteur, malgré son style.
Je recommande donc chaudement cette trilogie aux amateurs d’univers construits, cohérents et riches comme Crésus. Il faudra certes passer outre un style basique, mais celui-ci a le mérite de ne pas être complexe, assez logiquement, et permet de donc de fuser dans sa lecture pour arriver plus vite aux parties vraiment intéressantes.
Tentagudule
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le 2 juin 2020

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