Dans Ghost Recon Wildlands, vous vous battrez plus contre le jeu et ses problèmes que contre les ennemis. Malgré tout, je vais passer une centaine d’heures sur le jeu au total. « Vais passer », car j’ai récemment acheté le dlc « fallen ghosts » et malgré une furieuse envie de désinstaller le jeu, je vais malgré tout tenter de ne pas avoir jeté mon argent par la fenêtre et le finir. Bienvenue dans cette TIQUE.


Ghost Recon Wildlands, développé et édité par Ubisoft, est sorti en 2017 sur PC, XBOX One et PS4. Il reçoit du contenu, payant et gratuit, jusqu’en 2019.

Commençons par ce qu’il y a autour du jeu : les microtransactions et season pass. Le jeu, il me semble, s’est monétisé avec le temps, ajoutant des armes payantes et des lootboxes avec le temps, ce qui, pour un jeu solo/coop est assez critiquable, surtout lorsqu’elles sont pas mal mises en avant. Les deux season pass, un par année après la sortie du jeu, sont assez inégaux en contenu : le premier contient deux extensions d’une quinzaine d’heures et le second uniquement des cosmétiques et des lootboxes (pour 30€ à ce jour contre 40 pour celui de l’année 1). Je vais supposer qu’il y aurait dû y avoir plus de contenu, mais la sortie de Ghost Recon Breakpoint, annoncée à l’E3 2019 laisse penser que les ressources sont dirigées vers ce jeu. Ce jeu aurait dû être un jeu service, mais cela n’a pas dû fonctionner.
Au-delà de ces contenus payants, le jeu propose gratuitement un mode survie, un mode très difficile avec une seule vie, un mode PvP et un simili battle royale, ce qui est louable, en plus d’ajouter quelques missions thématiques autour des autres jeux ubisoft (comme Rainbow six Siege ou Splinter Cell). Mission globalement mal designée, mais eh, c’est gratuit alors fermez-la.
En effet, les missions de GRW sont globalement mal fichues. Et ses systèmes. Et sa carte. Et son IA. Et son histoire. Et sa conduite.
Prenons ces éléments dans un ordre aléatoire.
L’histoire du jeu est très simple : vous et vos trois imbéciles de coéquipiers êtes envoyés en Bolivie pour mettre le dawa dans le cartel de Santa Blanca, qui dirige le pays (c’est fictionnel, bien entendu ( https://www.huffingtonpost.fr/2017/03/01/la-bolivie-convoque-lambassadeur-de-france-a-cause-de-ghost-re_a_21866072/ ). L’histoire est surtout racontée via des documents que j’ai eu la flemme de lire, via quelques dialogues mauvais et des petites cinématiques lorsqu’on notre supérieure interroge un ennemi. Cependant, quelques moments sont intéressants : le type chargé de faire disparaître les corps contraste par son innocence et l’horreur de son travail, la femme a la tête d’une partie du cartel fait (trop) régulièrement des speeches à la radio pour expliquer que, pour s’émanciper, les femmes devraient rejoindre le cartel et se faire masse de thunes. C’est d’ailleurs la seule femme que l’on combattra (même si on ne la tue pas), les autres étant des ouvrières. Dommage pour la cohérence. Pour le reste, nous sommes les gentils américains venant bombarder le pays de démocratie (nous aidons des rebelles probablement pas si gentils et de toute façon, on voit dans le dlc fallen ghosts qu’un autre cartel a pris la place du précédent, ce qui montre bien l’inutilité de la démarche, mais je ne suis pas sûre que ce soit une critique de la part d’ubisoft).
Nous sommes donc globalement largués dans une carte d’un peu plus de 500km² et devons démanteler le cartel petit bout par petit bout. Concrètement, chaque région de la carte est contrôlée par un lieutenant que nous ferons tomber après quelques missions. Après quelques lieutenants, nous ferons tomber le chef d’une des quatre branches du cartel. Après deux chefs, nous pourrons aller voir le big boss. Un système très libre permettant de jouer en coop avec n’importe qui sans problème.
Bref. La carte est très belle, très grande, très vide, visiblement pas designée à la main. En effet, graphiquement, le jeu est fort sympathique, avec une distance d’affichage impressionnante. Cependant, si tout cela est très joli de haut avec un hélico, marcher dans une forêt a un côté très « randonnée avec des attardés » (nous y reviendrons, j’aiguise encore mes lames), que je trouve complètement inutile. Il ne se passe rien, la carte n’est pas faite pour la marche, bref, c’est chiant. En fait, chaque point d’intérêt semble séparé de plus ou moins un kilomètre des autres. Or j’ai pas très envie de perdre mon temps en allant de l’un à l’autre, d’autant plus qu’il y a peu à faire dans cesdits points (parfois juste récupérer un machin random, genre un point de compétence, puis on repart). En fait, à cause de la taille de la carte, qui aide à se sentir dans un pays (sauf quand on vole trop haut, où on voit que c’est un bête carré), j’ai très vite pris l’habitude d’ouvrir ma carte, de sélectionner le bidule important le plus proche, de monter mon hélico, d’y aller, de récupérer ledit bidule, de remonter dans mon hélico et d’aller au suivant. J’ai appelé ça les « sauts de puce ». C’est très efficace pour progresser, mais très chiant, aussi. Jouer sans la carte est possible, bien sûr, puisqu’à peut près tous les endroits notables de la carte dispose d’un bidule, mais celui-ci est parfois désagréable à récupérer. Cela dit, si vous voyez un bâtiment dans lequel on entre par le bas, puis dont on sort à l’étage, en récupérant des comms (une des ressources du jeu) au passage, pour monter par l’extérieur pour enfin atteindre le dernier niveau, il y a CERTAINEMENT un bidule en haut. Et oui, beaucoup de bâtiments sont copié-collés. Bref, tout est trop espacé, pas assez mémorable. Donc on se baladera à toute vitesse sur des routes de terre pour progresser un peu. Enfin, on essaiera.
La conduite du jeu est en effet… un sujet glissant. Puisque c’est ce qu’on fera la plupart du temps. Globalement, la physique est pas terrible, vraiment. Ce qui est dommage, vu que c’est ce qu’on fera le plus clair de notre temps (j’ai, à ce jour, utilisé des véhicules pendant 902 265 mètres, en 55h, pour vous donner une idée). De plus, le jeu n’encourage pas le hors-piste, puisqu’il accentue encore plus les soucis de conduite, tout en étant ABSOLUMENT pas adapté : trop d’obstacles, globalement. C’est ça qui me pousse à dire que la carte n’est pas designée à la main (plus des petits bugs, genre de l’herbe dans de l’eau) : on sent que le studio a créé des montagnes, calé des routes, des chemins et puis a passé une brosse pour mettre des arbres et des rochers, harmonisé un peu l’ensemble, et paf, 5 kilomètres carré d’un coup (j’exagère un peu, mais vu que rien n’encourage le fait de visiter le vide entre les points d’intérêts…). Leurs efforts se sont concentrés sur ces points d’intérêts, qui sont plutôt bien fichus (dommage pour le copier-coller, encore) en général, et globalement uniques. Ils proposent en plus plusieurs approches (au moins deux, en fait) : par l’entrée et par derrière (no comment). On peut aussi faire comme moi et se poser au milieu avec un hélico et osefer.
En plus de tout ça, vos coéquipiers sont incapables de conduire pour vous (même si l’un d’entre eux se plaindra régulièrement que vous ne le laissez plus conduire à cause de cette fois). Alors même que certains ennemis savent conduire, hein. Bref, on arrive à la critique de l’IA du jeu, ne vous inquiétez pas, hoho. Le jeu compense cela avec un système de fast travel très permissif, j’imagine.
Revenons donc aux missions, en commençant par les secondaires. Celles-ci consistent en cinq objectifs différents, chacun augmentant une capacité liée aux rebelles : entrer dans un bâtiment (ils se ressemblent tous) pour hacker un ordi dans un temps limité pour avoir faire spawner de meilleurs véhicules (ceux-ci auront tendance à spawner loin de vous hoho) ; défendre une radio pendant un temps limité contre des vagues d’ennemis (parfois, le jeu ne vous montrera plus la barre de vie de la radio, hoho) qui débloque un meilleur mortier (je me souviens plus bien des bonus, ça fait longtemps que j’en fais plus) ; deux relais à activer dans un temps limité (on vous pousse à conduire vite et bien = infaisable sauf en hélico) qui permettent de demander une diversion aux rebelles ; faire peur à un gradé ennemi (que c’est fun de foncer sur un ennemi qui vous a repéré pour le choper quand il vous tue en quelques balles) pour avoir des IA rebelles qui tentent de vous suivre et d’être utiles ; activer une balise sur des lieux difficiles d’accès pour dévoiler les ennemis dans une zone (capacité trop utile). Concrètement, elles sont ultra répétitives et facilement frustrantes.
Les missions principales sont parfois plus ingénieuses, mais j’avoue n’en garder qu’un souvenir vague. Aller à tel endroit. Appuyer sur une touche. Tuer X. S’infiltrer dans une base (AAAAAH je déteste ces missions ultra rigides). Exfiltrer Y. Et puis, parfois, des missions plus sympa, genre se poser sur une île en fête.
Quant aux missions spéciales… Imaginez vous infiltrer dans une base la nuit… Vous ne devez ni vous faire voir, ni tuer personne… Après de multiples essais, vous parvenez au marqueur. Et là, paf, une cinématique avec Sam Fisher : cool ! Puis vous devez défendre la position pendant pas mal de temps. Et là, vous mourrez. Devinez où est le checkpoint ? Avant l’infiltration. Devinez aussi si la cinématique est passable ? Devinez qui a fini par virer le mode ultra difficile pour finir cette foutue mission de merde
Globalement, elles ne jouent pas sur les forces du jeu et, étant assez difficiles (coucou le prédator), elles sont très frustrantes quand vous devez vous retaper plusieurs minutes de mission. Et c’est d’autant plus frustrant quand c’est pas votre faute.
Parlons de l’IA. Enfin. Vos coéquipiers sont cons comme des briques. Incapables de vous suivre en terrain non plat, ils se téléporteront à vos côtés et dans votre véhicule. Parfois, vous leur donnerez l’ordre de venir vers vous et ils ne bougeront pas. Parfois, ils se feront repérer comme des glandus. Aussi, ils ne tirent pas dans la tête des ennemis, ce qui est gênant quand en face, c’est un ennemi qui ne prend pas de dégâts dans le corps (oui, 20 secondes de tir de minigun monté sur une voiture ne furent pas suffisantes pour l’abattre). Vous vous sentirez parfois très seuls. Surtout quand ils poperont à côté de vous lorsque vous serez à terre et attendront le dernier moment pour vous soigner. Ou ne feront rien. Alors oui, c’est un jeu axé sur la coop, mais je suis pas sociable (j’ai joué 5h en coop avec des inconnus, c’est sympa mais les missions tendent à buger et ne pas se terminer, hoho).
Maintenant, imaginez devoir gérer une IA qui ne se téléporte pas. Qui peut mourir et dont dépend la réussite de la mission. Et qui fait échouer la mission si vous allez trop loin d’elle, sachant qu’elle est souvent coincée dans du vide. Voilà. C’est un plaisir.
L’IA des ennemis est correct, même s’ils ont tendance à se cacher derrière un truc qui couvre pas la moitié de leur corps. Ils comptent surtout sur leur nombre et le time-to-kill plutôt bas pour vaincre. Et, si c’est l’UNIDAD (l’équivalent de la police dans GTA), sur le fait qu’ils viendront à l’infini (pratique). En parlant de ça, vous ne gagnez pas d’exp lorsque vous détruisez un hélicoptère ou une voiture. Le jeu calcule que l’explosion qui les tue ne vient pas de vous, je suppose. C’est un plaisir également.
Tant qu’on y est, parlons des armes. Je n’ai aucune idée de l’utilité de leurs statistiques (enfin, si, mais à quoi bon ?). Globalement, vous aurez besoin d’une mitrailleuse (pour vous amuser, ne mettez pas de silencieux dessus, ça vous fera profiter du sound design incroyable), d’un sniper (idem) et d’un pistolet avec silencieux. Perso, je chope les armes avec les plus hauts dégâts, notamment parce que dans les modes de difficulté supérieurs, les ennemis ont plus de vie. Cela fait donc une bonne vingtaine d’heures que j’utilise strictement les mêmes armes. Dommage, vu leur nombre (et tant mieux, puisque ça ne me donne pas envie d’acheter celles uniquement obtenables via du vrai argent).
En plus des armes, que l’on peut customiser, on débloque des compétences grâce à des points chopés en montant de niveau et dans la nature, ainsi que via des ressources. Celles-ci vont dans deux catégories : « ACHETE-MOI » et « je suis inutile ». Foncez récupérer les améliorations de vie et de protection des véhicules, chopez celle qui sert à annuler le malus de dégât lié au silencieux et celle qui améliore la stabilité des armes, et surtout, récupérez celle qui sert à être relevé une deuxième fois. Le reste, on s’en fout. Même le drone.
J’ai un jour décidé de jouer sans l’option qui indique la position générale (comprenez : ils sont au centre du nuage orange) des ennemis sur la minimap. Depuis, je spam la reconnaissance rebelle et tout va bien. Sauf mon intérêt pour le jeu, évidemment.


Je vais procéder à une comparaison désavantageuse pour le jeu : Metal Gear Solid V.

Globalement, les jeux proposent, en termes de gameplay, à peu près la même chose : un monde ouvert (plus sandbox qu’ouvert chez MGS) trop grand, avec des points d’intérêts placés régulièrement, un choix entre stealth et pan-pan (plus des ressources, mais osef ici).
Pourquoi MGS est-il meilleur ?
Son monde est à taille humaine, permettant de se passer de la conduite (encore pire que GRW, c’est dire), il semble à peu designée, les points d’intérêts sont encore plus ouverts, les IA plus intelligentes, il y a la possibilité de ne pas tuer les ennemis (un tazer serait pas de refus, GRW, tu sais), la narration est mieux fichue, les déplacements super bien gérés (sauf lorsqu’on court sur un terrain non plat, où il arrive que Snake glisse en continu sur une pente de merde).
Le jeu est plus concentré, plus tight, c’est un plaisir de jouer, malgré une répétitivité immonde (non-lethal = win).
Alors pourquoi je reviens de temps en temps à GRW ?
Je ne sais pas trop. Je pense que ça vient de l’impression de pouvoir la jouer sniper solitaire à 600 mètres (voire plus), du sound design des armes qui te fait ressentir leur impact (grand dieu, un tir de sniper, c’est si jouissif, avec les piafs qui s’envolent), du gunfeel en général, cette impression de létalité des deux côtés, ses paysages sympa, …
Il y a un bon jeu, caché quelque part dans une forêt vide et bugée. Clairement.
Mais en l’état, c’est tout juste un jeu potable, probablement super fun avec des amis (mais les miens ont meilleur goût que moi, hoho).
Mais il y a des lamas. 21/20 !

Tentagudule
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le 30 juil. 2019

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