Ce n’est pas vraiment une autobiographie que signe Roald Dahl, mais plutôt une compilation de souvenirs d’enfance, s’appuyant sur sa mémoire, des photographies et surtout une correspondance de plus de quatre cents lettres qu’il a écrite à sa mère et qu’elle a conservé précieusement. Une correspondance régulière mise en place dès l’âge de neuf ans lorsqu’il entre à l’internat ; imposée par le chef d’établissement, c’est une habitude qu’il conservera dès qu’il sera loin de la maison familiale.
A la lecture de Moi, Boy, on constate que, malgré les difficultés, le futur auteur a vécu une enfance heureuse et confortable. Orphelin de père à l’âge précoce de trois ans, il grandit au Pays de Galles auprès de sa mère et des frère et sœurs, et passe ses étés en Norvège où la famille rend visite aux grand-parents maternelles. Ces vacances aux allures de robinsonnades semblent faire parties des meilleurs souvenirs de Dahl qui nous raconte les balades en bateau, la visite des îles, la pêche et la consommation du poisson avec beaucoup de précisions et d’émotions.
Ces souvenirs nous permettent de découvrir l’auteur et de penser à l’inspiration qu’ils ont pu être pour ses romans. Mais ils nous permettent aussi de découvrir une époque révolue à laquelle on enlevait les végétations sans anesthésie et enlevait l’appendice sur la table du salon, une époque où les jeunes enfants pouvaient se rendre seul à l’école sur leur tricycle sans risquer d’être percutés par une voiture, mais aussi une époque où les petits garçons recevaient des coups de canne à l’école et subissaient toutes sortes de privations, d’humiliations ou de punitions atroces quand ils logeaient à l’internat.
Oui, Roald Dahl nous raconte son enfance avec les bons souvenirs et les moins bons, mais il en parle sans amertume, plus comme d’expériences qui lui ont forgé le caractère et, en grandissant, lui ont permis de nourrir une réflexion sur l’église, la religion et ses préceptes. Loin de cautionner ces méthodes, elles font parties de lui et, en tant que lecteur, on ressent combien les adultes de son enfance lui ont inspiré ceux de ses romans, comment la cruauté et la violence lui ont donné envie de dénoncer ces comportements en se moquant ouvertement de ce type de personnes ou d’institutions dans ses écrits.
Moi, Boy, une autobiographie originale pour découvrir un auteur et revenir aux origines de ses récits.
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