C'est le premier livre de cet auteur que je lis, et ce que je sais de lui, je l'ai appris à sa mort. C'est donc sans à priori que j'ai lu ce roman. J'ai lu les critiques sur SC, mais personne ne relève un point fondamental : la distance qui sépare l'auteur du sujet.
C'est un très vieux monsieur qui a pour héroïne une toute jeune fille, ce qui en soi, est déjà une époustouflante prouesse. Il était jeune 50 ans plus tôt que son héroïne et que le monde qu'il décrit.
Ce qui semble intéresser l'auteur, c'est la puissance du non-conformisme : ne pas se conformer à son éducation pour Charlotte, à son physique pour Joe, à sa couleur de peau pour Charles, à son milieu économico-social pour Adam, c'est ce qui leur permet de devenir eux-mêmes. Pour Wolfe, visiblement, la culture, le travail, la curiosité aident à s'émanciper du carcan qu'une appartenance à un groupe impose.
La différence entre les jeunes et les adultes n'est pas le besoin de se regrouper, mais la possible facilité que les jeunes ont de s'en échapper et ainsi de s'enrichir à la rencontre des autres.
Sinon, ce roman se lit pratiquement d'une traite. C'est fluide, clair, facile et les doutes et pressions de chacun des personnages sont beaucoup plus profonds qu'un qui saute qui et comment?