Si on demandait à la vox populi de désigner un écrivain pour écrire une élégie de l'ennui et du désespoir, je ne pense pas qu'il lui faudrait longtemps pour qu'elle porte son choix sur Bret Easton Ellis.
Clay, le protagoniste, jeune Californien blond platine, rentre à Los Angeles après quatre mois passés en fac dans le New Hampshire. Nous sommes dans les années 80, il fait chaud, trop chaud, les jeunes désœuvrés se droguent et baisent, parlent de rien, vont dans des soirées, roulent dans leur décapotable, sont éblouis par le soleil brûlant. Clay rencontre des potes qui n'ont de différences que leurs prénoms, traîne avec des filles - dont l'une l'attire, peut-être, il n'en sait rien, se drogue, va voir son psy, son père. Il cherche parfois Julian, un autre pote. Pour savoir ce qu'il fait, à tout hasard.
Il ne se passe rien, au cours de ces 230 pages, et pourtant, ce bouquin hante par ces petites phrases, ces situations grotesques, sordides, révulsantes. Aucune envie, aucun avenir, aucun amour, le néant absolu. Finalement, l'adolescence n'a pas tant changé en trente ans.