Chanteuse, musicienne, mais aussi auxiliaire en puériculture, Julie Bonnie est un drôle d'oiseau. Qui pépie là où elle le décide. Et son talent de romancière n'est pas négligeable comme le prouve Mon amour, (la virgule est importante), qui fait passer par toutes sortes d'émotions et de frissons. Faux roman épistolaire, Mon amour, est un double monologue, deux journaux intimes qui s'entrecroisent, avec d'autres personnages qui viennent également apporter leur pierre. Elle vient d'accoucher, il part pour une tournée d'un mois à l'étranger avec son groupe de jazz. Séparation douloureuse. Qu'est-ce qu'un amour quand la distance s'en mêle, quand deux vies qui devraient être proches s'éloignent ? Un puits de souffrances, de doutes et de ressentiments. Ils s'écrivent. Dans leur tête, en tous cas. Il l'appelle Ma fée ; pour elle, c'est Mon amour. Ce qu'ils vivent alors est tellement différent. Il s'enivre de succès et d'alcools, sauf quand il se sent minable et sans talent. Elle est perdue dans son appartement mais son bébé la sauve. Autre amour, maternel et fusionnel celui-ci. Et elle rencontre un homme tandis qu'il la trompe. Les histoires d'A finissent mal en général ? Peut-être, sans doute. Le livre est surprenant, doux comme une caresse puis violent comme un coup d'archet. Coupant, syncopé, imprévisible malgré un point de départ banal, ou presque. Julie Bonnie a une plume rapide et incisive qui dérape dans les aigus. C'est fort, c'est intense, c'est frustrant aussi, un peu, à cause de nombreuses ellipses. Il y a un autre roman en marge de Mon amour, plusieurs même. Et un potentiel inouï chez cette auteure tourangelle aux mélodies bluesy. Beau livre, en vérité.