A l'ouest de Rome
J'aime Fante pour son style, son humour, sa façon d'écrire, et tout cela transparait dans Mon Chien Stupide. Contant l'adoption d'un gros chien par un père de famille désabusé , écrivain médiocre de...
Par
le 16 janv. 2011
9 j'aime
Mon chien stupide est une tragi-comédie insolente et drolatique qui baigne dans les clichés du rêve américain tout en les remettant en cause d’un coup droit bien visé.
Une maison en Y en bord de mer, une grande avenue flanquée de maisons, on imagine presque les pelouses parfaites et les parterres de rosiers des lotissements américains. Un écrivain raté qui peine à écrire la moindre ligne, une femme au foyer dont les enfants ingrats et insolents sont désormais adultes et un chien, stupide et obsédé par l’usage de son « glaive ». Stupide débarque un soir de pluie, d’emblée il dénote sa folie : il semble mort mais prend en fait plaisir à dormir, comme une masse, sous la pluie. Hors de question d’accueillir de nouveau un chien dans la famille. Stupide saura pourtant s’imposer dans cette famille de père homophobe et de mère raciste. Ce chien akita qui ressemble à s’y méprendre à un ours, est le fil conducteur d’une histoire loufoque mais pas moins émouvante. Stupide révèle le malaise latent qui a grandit autour de cette famille où aucune situation n’est réellement stable et normale. La mère écrit les dissertations d’un fils qui tente désespérément d’échapper au service militaire, le père ne jure que par ses racines perdues italiennes et ses voitures, les enfants vont et viennent dans une grande maison qui ne ressemble en rien à celle du bonheur.
« Au-revoir, P’pa. Merci pour tout. » Il m’a vraiment dit ça. Merci
pour tout. Merci pour l’avoir engendré sans lui demander la
permission. Merci pour l’avoir fait entrer de force dans un monde de
guerre, de haine et de fanatisme. Merci pour l’avoir accompagné à la
porte d’écoles qui enseignaient la tricherie, le mensonge, les
préjugés et les cruautés en tous genres. Merci pour l’avoir assommé
d’un Dieu auquel il n’avait jamais cru, de la seule et unique église –
que toutes les autres soient damnées. Merci pour lui avoir inculqué la
passion des voitures qui provoquerait peut-être un jour sa mort… Merci
pour tout. »
John Fante entraîne le lecteur au volant de sa Porsche à 160km/h, pas un moment de pause ou d’ennui. Ici l’anglicisme est de bon ton, Mon chien stupide est un véritable page-turner, 150 pages de jubilation et souvent même de rires. Le lecteur se délectera d’une des premières scènes du roman (car oui c’est presque du théâtre tant l’écriture est vive et acerbe) : Stupide est conduit à la plage par la grande avenue bordée de maisons dont chacune est surveillée par un chien jusqu’au moment où il rencontre LE berger-allemand…Absolument cocasse, drôle et caricatural. A lire entre deux romans glauques, un jour de pluie, après le travail, pendant une migraine ou même la grippe. A lire pour être bien.
Créée
le 24 mai 2018
Critique lue 685 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Mon chien Stupide
J'aime Fante pour son style, son humour, sa façon d'écrire, et tout cela transparait dans Mon Chien Stupide. Contant l'adoption d'un gros chien par un père de famille désabusé , écrivain médiocre de...
Par
le 16 janv. 2011
9 j'aime
Tout ce qui fait Fante est là : anti héros déplorable qui regarde défiler sa vie sans intervenir avec une lucidité rare, salaud touchant, noirceur du quotidien, dépravation molle, humour noire et...
Par
le 6 mars 2011
8 j'aime
C'est gentil, c'est sympa. C'est drôle, parfois psychologique. ca reste un roman dans la pure tradition de Fante père : Clins d'oeil autobiographiques, personnage de l'écrivain maudit, toujours sa...
Par
le 29 sept. 2010
4 j'aime
Du même critique
Couleurs de l'incendie est le second tome d'une trilogie inaugurée par Au revoir là haut. Ce premier opus récompensé par le prestigieux Prix Goncourt et adapté avec succès au cinéma, présageait une...
Par
le 26 févr. 2018
15 j'aime
2
« Je me souviendrai, toute ma vie. Les villes où Satoru à grandi, les champs où les pousses frémissent, la mer son bruit lourd et effroyable, le mont Fuji de tout près tout près… » Au...
Par
le 22 août 2018
11 j'aime
2
Je n'ai pas trouvé Franck Thilliez au meilleur de sa forme. Disons que chaque auteur a ses défauts, parfois le lecteur les ignore volontairement mais parfois aussi il s'en énerve. Je connais les...
Par
le 4 oct. 2019
6 j'aime