Un homme entame un terrible huis clos au sein d’une église entre lui et le prêtre qui a violé son fils. Il suffira de trois jours pour que les choses soient dîtes. Ce père veut savoir tout ce que le prêtre a fait endurer à son fils, qu’il n’y ait plus aucunes zones d’ombre. Alors le prêtre raconte commence par parler de tendresse et d’amitié pour finir par assumer la douloureuse réalité de son geste. Ce livre fait écho à de nombreuses affaires de pédophilie au sein de l’Eglise, une fiction qui prend sa source dans une réalité sordide qui reste à ce jour impunie. Je ne ressens que de l’écœurement et une colère qui monte en flèche devant le silence de l’Eglise mais aussi devant la légèreté des peines encourues.
« Aujourd'hui, il y a une vraie distorsion avec notre justice. Casser un radar routier est passible de 5 ans de prison. Tripoter un enfant, idem »
Il y est question aussi du silence, avec de s propos vrais qui nous montre comme il est difficile de s’ouvrir, de partager un secret et de parler, surtout lorsqu’on se sent coupable. Le fait que le père vienne d’une famille pratiquante, se marie avec une femme elle-même élevée dans la religion, rend les nombreuses analogies à Abraham et son fils Isaac offert en holocauste d’un grand intérêt. La plume de l’auteur sait être tranchante et cruelle à hauteur du crime. On touche du doigt notre humanité lorsque l’on se rend compte qu’il n’est pas si facile de faire justice soi-même. La justice est là pour ça. Encore faudrait-il que l’enfant reprenne toute sa place dans nos préoccupations. Les questions posées par le père sont justes et touchent au cœur. Ne pas se rendre compte des appels au secours, ne voir que trop tard les symptômes c’est affligeant et tellement culpabilisant pour un parent. Il y a de quoi réfléchir avec les thèmes abordés dans ce livre. C’est plus un coup au cœur qu’un coup de cœur mais l’effet est le même cela fait mal et reste profondément bouleversant. Bonne lecture