J’aime bien le concept "Édouard Louis", qui consiste à offrir sa vie en partage au lecteur sans aucune pudeur. Par ailleurs, son bagage culturel et sociologique rend son auto-analyse assez intéressante.
Mais là, c’est trop.
Déjà, dans la librairie, j’avais repéré le livre, bien mis en évidence. Je l’ai ouvert rapidement : 160 pages, écrit gros, 18 €. Ça fait cher le "vie ma vie chez les prolos". Je l’ai donc reposé. Mais une semaine plus tard (aucune suite dans les idées), je suis revenu, sans doute attiré par les aspects graveleux qui ponctuent chaque livre de l’auteur. Il y a une certaine forme de perversion à lire Édouard Louis.
Sauf que la fainéantise a des limites. Désolé, mais il n’y a pas d’autre mot.
Dans cet ouvrage, Édouard Louis nous raconte quelques semaines de sa vie, durant lesquelles sa mère quitte son compagnon, ce dernier étant alcoolique et violent. On suit alors cette évasion dans sa technicité la plus pure. Et puisque l’histoire est vraie et que l’auteur a un vrai talent pour raconter, cela se lit plutôt bien. D’autant plus que le roman est court, écrit gros, et que le style d’Édouard Louis n’est pas un frein.
Et puis c’est tout. D’habitude, l’auteur réfléchit à sa condition, au pourquoi des choses. Là, non. On dirait qu’il fallait pondre quelque chose rapidement pour pallier quelques problèmes d’argent.
L’exemple le plus flagrant, c’est le "climax" du livre. Après la publication de son premier ouvrage, il explique que sa famille lui en a voulu, ce qui est compréhensible : personne n’aime voir ses pires défauts livrés en place publique. Alors, Édouard nous raconte qu’un jour, lors d’une présentation en librairie, au moment des questions, sa mère s’est levée pour une confrontation. Elle s’était tapé 250 bornes pour régler ses comptes en public.
Coup de théâtre, stupeur, nous sommes saisis. Qui plus est, l’histoire est vraie, et on se demande comment elle peut évoluer. Et là, déception : c’est expédié en deux pages factuelles, plates… Décevant. Dieu sait ce qu’un auteur moyen aurait pu tirer d’un tel matériau !
Enfin, la mère de l’auteur a eu trois hommes dans sa vie : trois hommes alcooliques et violents. Qui de mieux placé qu’Édouard Louis, quelqu’un d’intelligent, de subtil, et qui verse dans la sociologie, pour traiter ce problème ô combien délicat ?
Pas l’amorce d’une réflexion.
J’ai mis une étoile, juste pour faire baisser la moyenne!