Ce livre est beau mais il est fait très très mal. Monsieur Han ne se contente pas d'être, c'est aussi toutes les souffrances de la guerre et de la fuite, les déchirements des apatrides et les manques éternels de ceux qui sont restés de l'autre côté de la rive : la mère, la femme, le fils, dont il ne reste que le regard par-delà la rive.
Il est très difficile de lâcher l'affaire, de renoncer à une fin heureuse (et pourtant on sait tout dès le début). Et ce n'est même pas parce qu'il est attachant ou intéressant Monsieur Han. Au contraire, il est plutôt lâche et froid (pour ne pas dire exaspérant à force de hurler en silence). Mais quel rapport ? Il est innocent. Or les innocents jamais ne méritent de tourner en rond dans la cage que les acteurs de l'histoire ont construite autour d'eux. Enfermé dans sa pauvre vie, Monsieur Han ne meurt pas à la fin, il s'échappe enfin.
À lire si :
- vous aimez souffrir aux côtés de Meredith Grey dans Grey's Anatomy
- la littérature coréenne larmoyante est votre pêcher mignon