J'ai eu mes phases aventureuses, quand il s'agit de décider ma prochaine lecture. Si jamais vous visitez les tréfonds de ma collection de lectures, il y a quelques œuvres dont certainement vous n'aurez jamais entendu parler, ni par le titre, ni par l'auteur. Je les ai lues parce qu'elles étaient là, peut-être à ma bibliothèque locale, ou pour deux sous sur le Kindle store, et j'avais bien aimé la couverture, ou encore parce que quelqu'un quelque part a écrit que c'était le nouveau Dune ou l'histoire de SF la plus imaginative depuis l'Ancien Testament... Je me suis largement débarrassé de cette habitude, qui m'a essentiellement conduit à perdre mon temps à lire d'infâmes navets. Récemment, je me suis plutôt retourné vers les classiques. Si le livre n'a pas l'âge légal pour commander une bière, j'ai tendance à passer. S'il n'y a pas deux millions de revues positives, alors non, merci.
Mais bon, les règles sont faites pour être contournées, et donc, là, j'ai fait entorse. Moonbound était sur l'étagère "Nouveautés" de ma branche locale. La couverture pleine de couleurs attire mon œil. Oh, de la SF. Je ne connais pas cet auteur. Le quatrième de couverture me donne l'idée d'une histoire d'élu assez typique. Meh. Date de parution : 2024. Bouuuuuh... Quand même, je fais une petite recherche internet. Il n'y a pas beaucoup de notes, mais quand même un nombre respectable pour un roman aussi récent. L'auteur m'est inconnu, mais ce n'est pas son premier coup. Okay. Je vais lire la première page juste pour voir.
Un chapitre passe.
Okay bon je vais l'emprunter puisqu'il est là.
Bon, soyons honnêtes sur deux points :
- même après l'accroche, mes attentes restaient quand même faibles, sur la base de l'auteur inconnu et de la date de parution.
- d'accord, c'était vachement bien, mais n'exagérons rien : je ne vais pas prétendre avoir trouvé un futur classique.
Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié l'approche créative de l'auteur, qui, partant d'une trame scénaristique extrêmement standard (jeune garçon acquiert un grand pouvoir, se retrouve destiné à sauver le monde), brode toutes sortes de genres et d'influences. Moonbound est un patchwork, coloré, joyeux, surprenant, et concis.
Il y a deux personnages principaux. Le premier, Ariel, est votre Frodon, ou votre Paul Atreides du jour. Le deuxième, et le plus important, puisqu'il s'agit de notre narrateur, se définit comme "Chroniqueur". Il s'agit d'une intelligence artificielle avancée, qui se décrit elle-même comme un micro-champignon en exo-armure de combat. J'adapte un peu librement l'anglais original ici mais bon. Imaginez encore, Siri mais pour l'iPhone 40000.
Loin de se contenter de ces deux-là, qui se rencontrent dans ledit premier chapitre, Sloan continue de greffer toutes sortes de protagonistes bigarrés. Sorciers maléfiques, robots distribués, dragons et autre fille du futur... Cet univers est une fantaisie héroïque, un space-opera, un conte post-apocalyptique au parfum d'utopie pastorale.
L'ambition démesurée de la trame est efficacement tenue en respect par le ton léger, enjoué, occasionnellement comique. Tout cela manque un peu de sérieux, mais c'est très bien comme ça. Les enjeux sont clairs, le danger toujours présent, mais, un peu comme dans Kiki La Petite Sorcière, rien n'arrête une attitude positive accompagnée de quelques amis faits au long de la route.