Ecrit dans un style pieux et raffiné, Mort aux cons est une fiction savoureuse, parfois hilarante, mais qui offre, au fond, une peinture profondément tragique de la condition humaine. Ecrite à la première personne par un psychopathe attachant, érudit, cynique, la vie d'un citoyen ordinaire se transforme peu à peu en cauchemar; et pour cause, elle est envahie de cons. Métro, voisins, chauffards, démarcheurs, préposés administratifs, tout suscite l'ire (souvent justifiée) de notre antihéros. A tel point qu'il passera à l'"action", en faisant trépasser toutes sortes de cons, dont il tentera, tout au long de son périple initiatique, d'en fournir une définition. D'abord philosophe, le personnage se mue en psychologue/ sociopathe, et en psychopathe tout court. Souvent comiques, les morts de personnages "nuisibles" soulèvent le problème suivant: l'humain est-il con par essence? Est-ce que tuer des cons n'est pas une connerie? La connerie est-elle subjective? Est-on soi-même le con d'un autre? En complément de ce truculent bouquin (et , encore une fois, je le souligne, fort bien écrit), je conseille l'essai de M.Picard "De la connerie". A lire et relire sans modération! (Pourvu que vous ne figuriez pas sur la liste des cons!).