Willy Loman est commis voyageur depuis des décennies. Trente-six ans au service de son entreprise qu’il a, par son travail acharné, contribué à construire.
Mais il est aujourd’hui épuisé. Ses capacités physiques décroissent rapidement. Il n’a plus la force de partir chaque semaine sur la route démarcher de nouveaux clients.
Dans sa vie privée, Willy est un époux autoritaire et un père tyrannique. Sa femme est à son service et ses fils, écrasés durant leur adolescence, ne sont jamais parvenus à se trouver.
La famille est aujourd’hui peu unie et gravite toujours autour du père qui n’est présent que les week-end. Seul Biff, l’aîné, a cherché à briser le carcan pour voler de ses propres ailes. Brillant sportif, son avenir était prometteur. Mais ses absences répétées au cours de math pour cause d’entrainement l’ont empêché d’obtenir son diplôme.
La dépression nettement teintée de folie du père, l’amertume de l’aîné, les illusions abracadabrantes et désinvoltes du cadet panache cette pièce d’une atmosphère irréelle. Willy, au crépuscule de sa carrière, mélange ses souvenirs de ses années folles avec sa piètre condition actuelle. L’homme décline sous les yeux du lecteur, s’enfonce tout au long du récit, refusant d’accepter que ses rêves de grandeurs n’existent plus que dans sa tête.
Malgré un sujet indémodable (l’exploitation de la classe ouvrière), l’ensemble me paraît aujourd’hui désuet, vieilli. Si la friandise est intacte, les couleurs du papier qui l’enveloppe sont ternies. Pastelles. Je ne me suis jamais impliqué dans les élucubrations de cet homme fini, pressé jusque à la moelle par un système visant au seul enrichissement de ses élites. Une descente aux enfers à laquelle on assiste, impuissant.