Chante-cloche tourne autour du premier meurtre lunaire (ayant eu lieu sur la Lune, s'entend). L'inspecteur Davenport, du T.B.I (Terrestrial Bureau of Investigation), est sur le coup. Qui a bien pu réduire en miettes un homme sur la Lune, mais surtout pourquoi ?
L'inspecteur a déjà un suspect et son mobile, mais rien ne peut prouver sa culpabilité d'autant plus qu'il n'a aucun alibi. Oui, son manque d'alibi lui permet d'être exempt de tout soupçon, c'est pourquoi Davenport fait appel à un extraterrologiste de renom : le Dr. Urth.
Le Dr. Urth est un scientifique atypique (ne le sont-ils pas tous ?), ermite et ayant la phobie d'être transporté par n'importe quel véhicule. Ce personnage jugé repoussant est la seule chance pour l'inspecteur de pouvoir prouver que l'homme qu'il tente de coffrer depuis des lustres est bien celui qu'il cherche. Et pour cela, il a une botte secrète…
La première partie de la nouvelle narre les circonstances du meurtre et ses principaux protagonistes, le lecteur connaît donc l'identité de l'assassin dès les premières pages et son mobile qui gravite autour d'un objet aussi rare que mystérieux : la chante-cloche. Une chante-cloche est une pierre lunaire dont la constitution étrange et parfaite permet de lui faire produire un son majestueux lorsqu'on la frappe comme sur un triangle.
Le récit garde bien le lecteur en haleine avec une première partie intéressante, mais la tension retombe assez vite et la fin est brutale. Finalement, l'impression que me laisse cette nouvelle est que Asimov a voulu mettre en exergue une théorie scientifique qui est la clé du dénouement, et par conséquent celle de la culpabilité du suspect. Comme il l'explique dans son post-scriptum, Asimov a eu affaire avec un de ses lecteurs qui contredisait sa théorie. Bien que ce dernier ait fait des expériences, Asimov reste sur ses positions tout en démontant les arguments de son courageux lecteur.
Dans Immortelle est la nuit, ce sont les retrouvailles d'amis d'université s'étant perdus de vue depuis dix ans. Et pour cause, l'un était sur Mercure, un autre sur Cérès et encore un autre sur la Lune, tandis que le dernier est resté sur Terre. Cette bande de quatre savants se réunit sur Terre pour assister à une convention d'astronomie durant lequel l'un d'entre eux s'apprête à dévoiler, devant les plus éminents scientifiques, une découverte qui va bouleverser l'histoire de l'astronomie : le transfert de masse.
Seulement voilà, ce scientifique qui n'a plus trop la tête sur les épaules fait naître la jalousie chez ses anciens camarades. C'est ce qu'il veut, le bougre, en tant que vengeance d'avoir été contraint de moisir sur Terre pendant qu'ils arpentaient l'espace (en réalité ils s'emmerdent royalement en effectuant des tâches sans grande importance et sans espérance de gloire), bien qu'ils n'en soient aucunement responsables puisque c'est son état de santé fragile qu'il l'a forcé à y rester. Quoiqu'il en soit, sa découverte attire les convoitises et on le découvre raide mort dans sa chambre d'hôtel et le seul exemplaire du document qui renferme sa découverte a disparu…
Dans cette nouvelle on retrouve le fameux Dr. Urth, qui comme dans Chante-cloche va prouver sa logique implacable et démasquer le responsable.
Ces nouvelles s'inscrivent dans un univers de science-fiction, mais sont avant tout des nouvelles policières, ce qui donne une certaine originalité. Cependant le procédé, ou le déroulement du récit, est assez inégal et manque de profondeur. En effet, Asimov nous plonge dans des histoires au background qui aurait gagné à être développé, ce qui donne l'impression que l'on pourrait les transposer à n'importe quel univers sans qu'elles perdent de leur pertinence. On croirait lire du Christie en plus court et moins habile : poser longuement les bases de l'intrigue et à la fin PAF !, Hercule Poirot (un peu défraîchi il faut l'avouer) démonte tout, à coup de connaissances scientifiques et de blabla de pseudo-profiler qui ne manquent pas d'impressionner par sa grande intelligence.