Mr
6.6
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livre de Emma Becker ()

"Je ne suis jamais qu'une parenthèse dans la vie de Monsieur, et aussi accaparante ou passionnante que puisse être une parenthèse, après tout ça n'est jamais qu'un minuscule insert au milieu d'un texte déjà dense, une technique ornementale à laquelle on a recours lorsqu'il est impossible de rajouter une phrase en plus."

Des mots qui feront raisonner plus d'une histoire d'amour. Qui finit mal. Ou bien: homme, le saviez vous? ça peut faire mal!

Beaucoup de longueurs pour ce premier roman. On se perd dans sa pensée. Mais délicieuse est la sensation du long processus de remise en cause qui en découle, quand celle ci ne trouve pas de réponse à une absence, à un non-dit trop pesant, à cette accablante impression d’avoir mal agit mal dit et de ne savoir pourquoi. On se torture l’esprit comme on se mordrait les lèvres, avec la force de la répugnance que l’on a pour soit même de ne pas avoir entrepris, qu’on aurait pu, qu’on aurait dû, si j’avais su... L’esprit tourne en rond, s’enlise et baigne dans une flopée de tirades qui se ressemblent, s’entremêlent, se resserrent comme un étau dans son cerveau. La spirale infernale, aucune issu semble possible et alors on écrit pour ne pas se voir sombrer dans la folie. Romancer une histoire qui fait mal, le meilleur moyen de lui donner une fin concevable ?

"Je suis sûre d'une chose à présent: si cette histoire a été si compliquée, depuis son début jusqu'à ce que j'imagine comme une sorte de fin, c'est en partie parce qu'il ne sait pas faire la différence entre réalité et fiction.La vie que mènent les amants dans la littérature lui paraît trop belle, trop excitante pour rentrer dans le moule du quotidien. Mais ce qui semble héroïque ou romanesque dans un bouquin de Stendhal n'est qu'une longue souffrance pour les gens comme moi, qui ne font jamais que vivre."

Débordant par moment de trop-pleins de salacités, il n’en reste pas moins un défi relevé : trouver en peu de temps un ton mystérieux et excitant à même de créer un vertige érotique. Et tout ce qu’on osera jamais faire. Le langage y est cru, y est vrai, pas de pincettes, pas de circonvolutions pour vierges effarouchées, il faut s’attendre à tout voir, tout entendre, tout sentir et tout toucher : au milieu de la scène comme si l’on y était.

Le déchirement y sera d'autant plus poignant.

C’est un livre qu’il faudrait faire lire aux hommes, pour qu’ils comprennent, qu’ils comprennent qu’après tout, une femme, c’est un être vivant, un être sensible, qu’on ne peut la dédaigner comme ça, au pied levé comme une lubie, sous prétexte d’un message de trop, qu’on ne peut l’ignorer du jour au lendemain parce qu’elle vous ennuie ou qu'elle cesse de vous intéresser, qu’elle ne demande qu'une explication, une fin, un non. Rien d'autre pour pouvoir mettre un point et arrêter de parler au conditionnel. Que l'absence de mots est la pire de toutes les humiliations, qu’une abnégation non justifiée n'est que torture, que rien n’est plus humiliant que de quémander un regard, un regard qui vous fuit sans avoir la moindre idée de ce soudain mépris. Aucune promesse n’est obligatoire, surtout si l’on sait pertinemment qu'elles ne seront jamais tenues.

"Ma seule naïveté est sans doute de fermer les yeux sur ta lâcheté - je sais que les hommes sont lâches. Aussi lâches que les femmes sont compliquées."
Knutcha
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le 30 juil. 2012

Modifiée

le 30 juil. 2012

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Knutcha

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