J'apprécie beaucoup quand Stephen King sort un peu de sa zone de confort et écrit un récit qui ne fait pas appel au fantastique. J'attendais donc ce Mr Mercedes avec impatience, d'autant plus qu'il était précédé d'un joli accueil critique.
Stephen King écrit donc ici un polar. Si Richard Bachman n'était pas mort du cancer du pseudonyme, il y a fort a parier que c'est sous son nom que serait sorti ce livre. Mais puisque sa part des ténèbres n'est plus, c'est King qui s'y colle, malheureusement sans le talent de Bachman.
Il faut donc se rendre à l'évidence, je ressors assez déçu du dernier roman de King.
Comme à son habitude, King démarre fort avec cet habituel talent qui lui permet de prendre ses lecteurs par la main pour les entrainer très rapidement dans son histoire. Avec cette capacité de camper si vite et facilement un personnage, et de vous donner l'impression d'être en face d'une personne réelle, et pas juste d'un personnage de fiction. Malheureusement, le livre perd de son intérêt vers la moitié, et ne parvient jamais vraiment à retrouver un second souffle malgré la volonté évidente de King de faire au mieux et d'essayer de faire s'emballer tout ça.
Le personnage de Hodges, vieux flic retraité avec des regrets sur sa vie, et sur certaines affaires non résolues qui lui collent à l'âme, entrainant un certain nombre d' idées noires, est assez chouette, mais perd un peu de sa substance au fur et à mesure de l'avancement du bouquin.
Les personnages secondaires sont un peu fades, et on sent que King se caricature parfois dans leur construction. On a un peu l'impression de voir des personnages génériques de King, et même s'il parvient encore à sauver les meubles grâce aux relations entre eux, je les ai trouvé un peu vides, un peu plats, bizarrement désincarnés.
Je n'ai pas non plus retrouvé au niveau de l'écriture les éclairs de génie dont King est parfois capable, ces phrases qui vous restent dans la tête bien après la lecture. Non, tout ici est un peu sans véritable saveur
La vraie réussite du bouquin vient sans doute, tant au niveau de l'écriture que de la construction du personnage, de ce Mr Mercedes, individu dangereux et dérangé bien comme il faut, ainsi que de son environnement familial.
Les chapitres qui le mettent en scène, dans lesquels on regarde directement dans sa tête, sont les passages les plus réussis du livre en dehors des cent cinquante premières pages ou Hodges lui tient la dragée haute avant de s'écrouler.
Un King dispensable a réserver aux fans du maitre de Bangor. Je ne peux véritablement lui en vouloir, car quand on écrit autant que lui, on ne peut être bon à chaque fois.
Mais rassure toi Stephen, j'attends ton prochain roman "Revival" avec la même impatience que j’attends chacun de tes romans, et je crois que ça n'est pas sur le point de changer, car tu m'a prouvé encore il y a peu que tu pouvais toujours m'étonner, même si je dois t'avouer que ce n'est pas le cas avec ce Mr Mercedes qui sans être raté (parce que je suis un gros fan boy, je ne peux pas aller jusque là) ne m'a guère convaincu, et qui ressemblait plus à une balade en Lada maquillée en voiture de course qu'a un tour sur un bolide.