Je l'écris sans honte, je considère Stephen King comme l'un des seuls vrais GRANDS auteurs populaires mondiaux, c'est à dire quelqu'un qui, comme Dumas par exemple, sait dire quelque chose d'universel et de pertinent, à travers des histoires bien racontées, sans pour autant sacrifier à la facilité. Eh oui, Stephen King écrit bien - même si son approche ultra détaillée de personnages toujours très crédibles peut rendre ses livres un peu indigestes (d'ailleurs je le lis toujours en anglais, la justesse de ses dialogues passant mal la traduction française). Ceci posé, "Mr. Mercedes" est le premier livre de King qui m'a ennuyé - un comble ! - au point que j'ai dû en interrompre la lecture quelques semaines avant de le reprendre pour enfin le terminer ! Après un beau début, qui nous parle des effets de la crise sur les gens ordinaires, après avoir planté ses deux personnages, qui vont s'affronter dans un duel cruel via les réseaux sociaux... King ne semble plus savoir très bien quoi faire : des tergiversations interminables sur des clefs de voiture, une histoire d'amour maladroite (King est mauvais la plupart du temps quand il s'agit de parler d'amour...), on perd le fil, on s'ennuie, et ce d'autant que, pour une fois, les deux personnages centraux paraissent bien stéréotypés : entre le flic à la retraite qui n'arrive pas à décrocher et le tueur décalqué sur ce bon vieux Norman Bates, rien de nouveau sous le soleil du roman noir ! Si King se ressaisit avec un excellent suspense final, bien situé dans un concert de boys band pour pré-ados, il nous laisse quand même dépités par ce qui est probablement son moins bon livre, et avec un doute : à force de s'aventurer dans des domaines qui ne sont pas les siens - ici le roman noir, abondamment référencé -, ne risque-t-il pas d'y perdre sinon son âme, du moins beaucoup de sa magie ? [Critique écrite en 2016]