Une histoire banale. Une réception donnée chez elle par la femme d’un ministre de l'Angleterre victorienne (Mrs Dalloway). Elle et ses domestiques s’affairent à sa préparation. Quand elle sort dans la rue pour aller faire les magasins elle se retrouve plongée dans la foule londonienne. Une foule d’âmes. Chacune avec ses rêves, ses souvenirs, ses objectifs… Le passage d’une voiture Officielle, (Probablement celle de la reine), tout le monde quitte son monologue intérieur pour suivre et juger cet évènement partagé. Mouvements de foule… L’évènement passé chacun reviens à son monologue intérieur et à sa vie.
Mrs Dalloway retourne chez elle et attend le retour de son mari tout en continuant à travailler à sa réception et à recevoir des visites ...
La multitude de solitudes qui forment une unité, le fonctionnement anarchique de la psyché humaine, les destins parallèles qui s'entrechoquent et s’ignorent.
Les thèmes sont posés ...
Virginia Woolf à partir de ces matériaux va créer un récit multiple qui est celui de chacun des personnages qu’elle décide d’étudier. Un simple passant inconnu qui entend passer le même avion que l'héroïne. Un ami d’enfance revenu des indes ou une fille qui devient majeure dans de grands troubles religieux… Tous les personnages qui parcourent ce récit aux allures de prétexte sont autant de sujets à la vivisection psychique. Elle nous place dans leur tête avec leurs points de vue. Les faits déambuler dans les rues de Londres. Se rappeler des souvenirs d’enfances. Se lamenter sur un sort cruel. S'émerveiller devant une scène touchante ou même flirter avec les limites de la folie…
Ne s’interdisant pas un mode narratif “surplombant” permettant de juger ou du moins de donner un point de vue sur ce que chacun pense et dit. L'auteur devient lui-même un membre important du livre, tissant les liens qui unissent scénaristiquement les personnages. S'immiscent dans chaque souvenir, chaque pensée fugitive avec une pénétration quasi divine.
Le style ressemble un peu à celui du Ulysse de Joyce, avec ces sauts brusques dans les modes narratifs qui ne sont indiqués par rien et obligent le lecteur à maintenir une attention permanente. Cela dit l'exercice est ici plus “réussit", du moins plus lisible probablement grâce à une sorte de préparation en amont de ces "changements" narratifs et à une plus grande clarté du scénario.
(Le récit "simple" choisi par Woolf aidant, là où les parallèles constants avec l'Odyssée d'Homère ajoute de l'obscurité à celui de Joyce)
Le titre originellement prévu pour le livre "The Hours" le résumé bien. Il s'agit d'une course à travers des personnages et leurs pensées, concentrée dans une journée du centre de Londres et rythmée par les tintements de cloches de Big Ben.
Le livre n'est pas vraiment un chef-d'œuvre… Même s’il y a chez Woolf une certaine virtuosité technique, le tout semble n'allez nulle part. La vacuité (probablement voulue) du scénario laisse un goût d'inachevé… Le style un peu trop appuyé, trop lyrique parfois rend le tout un peu … Lourd.
Un livre correct… Sans plus... Qui reste malgré tout un bon entraînement pour aller gravir l'Ulysse de Joyce... (Plus Difficile, mais, pour le coup, un chef-d'œuvre)