Mrs Dalloway sera un tournant dans mes lectures.
Jamais encore je n'avais lu un tel livre, aussi vivant, original, plongé dans la vie et tendant vers la mort, voyage intérieur renforcé par les sensations extérieures autant que par les sentiments!
J'ai immédiatement reconnu les références structurelles à l'Ulysse de James Joyce paru moins de 10 ans auparavant : unité de temps (tout se déroule pendant une journée de mi-juin), de lieu (Londres en lieu et place de Dublin), monologue intérieur aux personnages et non coupé du réel...
Je me suis plongée avec délectations dans les (non)péripéties de cette journée, les déplacements des personnages dans le Londres des années 20, le tout rythmé par l'heure égrenée aux clochers, inéluctable. Les réflexions de Mrs Dalloway croisant celles de tous les autres (en particulier Septimus) tissent la trame de ces questions existentielles : qu'est-ce que la vie, la famille, la folie, à quoi bon l'amour, la société, la culture, quels fantasmes règlent notre imaginaire et nos vies, quel statut pour les femmes en ce début du XXe siècle. Le résultat est un instantané à plusieurs voix, qui acquiert ainsi un statut d'universalité.
Les notes, nombreuses, témoignent de comment Virginia Woolf a sublimé sa propre biographie pour en faire un tout essentiel, en nous offrant l'image d'une femme dans la société, ses errances sentimentales, ses raisons d'espérer ou de désespérer. L'être humain façonné par la société et la famille se déroule en méandres influencés par les heures qui se suivent, en un flux inéluctable...