Du même auteur, j’ai placé « Doppler » dans mon top 10. C’est dire si j’attendais beaucoup de ce roman. Un peu naïvement sans doute. Certes ça se lit bien et ça ne manque pas d’originalité, mais l’écriture est trop souvent simpliste. Exemple « C’est le matin. Il est encore tôt. Et on sonne à la porte. Je repose mon Frapp’bien, j’ouvre. » Sans compter quelques documents qui intriguent quand on feuillette le livre mais qu’on passe rapidement à la lecture (listing de recherche à la Public Library de New York, après une recherche de noms propres soi disant cochons).
Le narrateur a 25 ans et il est à une période de sa vie où les questions se bousculent dans sa tête. Il lâche ses études et profite du fait que son frère va travailler à New York pour s’installer chez lui et faire le point. En fait, il a un mal de chien à admettre que son enfance est derrière lui. Il aborde la vie d’un point de vue naïf et il est à la limite de la dépression, car il vit dans un monde où il a du mal à trouver une place qui lui conviendrait. Il n’a pas de petite amie et il a du mal à comprendre pourquoi. Il lit un livre de vulgarisation scientifique qui lui apprend entre autres que le temps défile plus vite en altitude qu’au niveau du sol (parce qu’un point en altitude parcourt, du fait de la rotation de la Terre, une distance plus grande qu’un point au sol, et ce pendant la même durée … en fait, c’est un peu plus compliqué que ça). Du coup, sa perception du temps est perturbée.
Bien qu’isolé, le narrateur se fait des amis, dont une jeune fille… Et il échange des considérations personnelles avec un ami qui dispose d’un fax comme lui. Utilisation à gogo tant qu’on dispose de papier et d’encre. Et pour passer le temps, on peut jouer à taper sur un objet prévu à cet effet.
En dépit de ses défauts, ce roman est agréable à lire. Il distille quelques considérations philosophiques accessibles. L’auteur montre que ses thèmes préférés sont le besoin d’isolement par rapport à une société qui marche sur la tête, ainsi que les considérations philosophiques liées à ses connaissances scientifiques. Ce roman, plus ancien que « Doppler » montre davantage le passé d’Erlend Loe comme auteur pour la jeunesse. Cela a un côté rafraichissant qui le rend très accessible malgré des thèmes un peu gonflés. Erlend Loe est un malin qui fait réfléchir son lecteur à partir de situations parfois ultra-simplistes. Il l’amène également à voir le monde d’une façon positive, en mettant en valeur des détails qui font la beauté de la vie. Les relations familiales, les voyages et découvertes, les échanges avec ceux que nous croisons et toutes ces situations inattendues que nous pouvons observer au détour de nos promenades. Une philosophie de la vie que le narrateur résume par la phrase « Je crois en la purification spirituelle par le jeu et l’amusement ».
Enfin, les inconditionnels de Sens Critique apprendront avec intérêt que le narrateur est un grand amateur de listes…
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