Où l'on retrouve un Takeshi Kitano versant papier après un sympathique et autobiographique Asakusa Kids narrant sa jeunesse dans les cabarets interlopes d'un quartier populaire d'un Tokyo. Ici un récit de fiction ancré dans un univers similaire, un Japon apathique peuplé de petites gens honnêtes et crédules et de yakuza idiots battant le pavé. S'attachant aux basques d'un étudiant paumé entré un peu par hasard dans le culte d'une secte, on y découvre les rouages peu glorieux d'une petite organisation où la dimension spirituelle est quelque peu égratignée par une gestion fortement portée sur le Yen, toujours prompte aux arrangements et petites magouilles. Loin d'une attaque au vitriol sur un mouvement d'importance dans le Japon post-bulle (œuvre parue en 1991), on retrouve l'univers typique du cinéaste où une certaine tendresse ou violence s'immiscent dans un réalisme morne. Un glissement progressif nous fait découvrir que le personnage clé n'est pas tant ce nouveau gourou, mais son bras-droit très kitanesque (Kitano interprétera d'ailleurs ce rôle dans l'adaptation cinéma du roman), tour à tour solennel, mystique ou porté sur l'alcool et la bonne chair des salons de massages. Personnage ambigu qui vient donner un peu de nuance et de mystère à un récit linéaire vite expédié et sans grand relief, ne faisant jamais que survoler son véritable sujet (ce n'est pas tant la religion qui compte, mais l'énergie qu'on y projette). Pour un roman se reposant surtout sur l'évocation de petites tranches de vie, qui s'il se parcoure agréablement, échoue surtout à se construire.
Gewurztraminer
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le 17 oct. 2011

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