J’ai lu ce petit livre (148 pages en Folio) parfois considéré comme une nouvelle, en pensant à son adaptation cinématographique La ballade de Narayama (Shoei Imamura - 1983). En fait, le film se concentre sur la dernière partie, la plus dramatique, lorsque le fils transporte sa mère vers la montagne de Narayama. Le texte de Fukazawa (1956) commence en décrivant la vie dans un village pauvre où la question de la nourriture est cruciale, fondamentale, avec tout ce que cela comporte comme organisation, efforts, envies, jalousies, cupidité, traitrise, etc. Le titre exact est Étude à propos des chansons de Narayama mais la narration classique domine largement par rapport aux extraits, souvent lancinants, de paroles de chansons, même si Fukazawa cherche à donner du rythme à sa prose, ce dont la traduction de Bernard Frank tente de rendre compte. Il faut croire que cela convenait bien aux Japonais qui y ont trouvé quelque chose qui leur parlait au plus profond, car le livre a connu un beau succès éditorial à sa publication. On fait donc la connaissance d’une famille, avec la mère qui vieillit et le fils qui grandit, ce que la mère n’a pas vraiment vu venir (classique).
Dans ce village - et celui d’en face, dans la vallée - la tradition veut que lorsqu’une personne comme O Rin la mère devient trop vieille, on la mène vers la montagne de Narayama pour l’abandonner - scène déchirante - probablement parce qu’elle constitue désormais une bouche inutile à nourrir.
Mon vrai reproche à propos de ce texte concerne ce point, car O Rin se comporte comme si elle souhaitait ce pèlerinage à Narayama et le texte joue sur le fait qu’un lecteur non averti ne sait pas à ce moment-là, ce qui se passera dans la montagne.