D'un ennui presque mortel
"Dis, tu as déjà lu du Coben? Il parait que c'est bien." Etudiante, j'avais deux heures de transport quotidien, donc tant qu'à être coincée dans un boîte de conserve, autant l'être avec un bon bouquin. Ayant épuisé mon stock personnel, je me suis tournée vers ma mère qui possède certains livres dont j'ignore tout. "Oui, mais je n'aime pas les romans de gare." Je lui en pique un (Ne le dis à personne donc), sans a priori sur l'auteur, ni sur l'histoire (je n'avais pas encore compris ce qu'elle entendait par 'roman de gare').
Je me lance donc, confiante, et je finis par très vite déchanter. Le postulat de base est tellement mal amené qu'il est invraisemblable, je n'ai jamais pu "entrer" pleinement dans l'histoire. Les personnages sont incroyablement mal présentés, aucun lien ne peut se faire entre eux et le lecteur. Un minimum de réalisme est requis pour que le livre puisse rester attrayant, ce qui n'est pas le cas ici (non un docteur empâté dans son deuil ne va pas échapper aussi facilement à la police, elle n'est pas aussi incompétente non plus, quand bien même le docteur serait aidé par un caïd parce qu'il se trouve qu'il a sauvé la vie de son enfant parce que... et caetera, et caetera). Et ça va de mal en pis pour se conclure sur le dénouement le plus ridicule qu'il m'ait été donné de lire.
Et c'est après avoir ronchonné pendant deux jours sur la médiocrité de ce livre que j'ai compris l'expression 'roman de gare' : un seul fil conducteur, simple de préférence, pour ne pas perdre le lecteur (personnellement, je trouve que c'est prendre le lecteur pour un idiot) ; une division en chapitre court pour pouvoir stopper plus facilement sa lecture en fonction des horaires de train ; un style simpliste pour pouvoir être lu le matin avec la légère fatigue du réveil, et le soir avec la lourde fatigue du travail, or ce style m'ennuie au plus haut point, dans ce cas autant lire un journal quotidien.
Ce fût mon premier Coben, le dernier depuis. Si toute sa bibliographie est à l'image de ce roman, je ferais sans. Je ne peux décemment pas conseiller Ne le dis à personne. Quand au film, même constat, si ce n'est qu'il fait passer le dénouement de médiocre à acceptable, ce qui sauve un peu mieux l'histoire.