Six ans après le début du "civil rights movement" afro-américain et cinq ans après que Rosa Parks ait osé refuser de rejoindre les sièges dévolus à iceux dans un bus à Montgomery, Alabama, sort "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee, roman quasi initiatique et quasi autobiographique où il est question d'un Noir ayant prétendument violé une Blanche.
Le premier tiers permet à l'auteure de nous montrer à travers les yeux d'une petite fille espiègle et dégourdie, le quotidien du petit bourg rural de Maycomb, Alabama aussi, durant les années 1930. L'Alabama d'alors souffrait encore de son appartenance aux états confédérés dont les habitants étaient considérés par l'élite américaine des grandes villes côtières comme des arriérés congénitaux, à la limite de l'illettrisme, racistes et bigots.
Nous découvrons au fil de l'intrigue des personnages et des situations qui donneront à chaque fois lieu de traiter le thème auxquels ils se rapportent. Si l'auteure passe lapidairement sur les sujets secondaires (comme les nouvelles théories de l'éducation avec Miss Caroline ou l'objectivité de la presse avec Mister Underwood) l'illustration des travers inhérents aux petites villes rurales comme le commérage, le communautarisme, la consanguinité et évidemment le racisme est plutôt réussie.
Ce succès tient cependant plus au choix de la narratrice qu'à la force du propos. En effet, par le choix de placer tout son roman dans les mains de la petite Scout, l'auteure nous permet délibérément d'éprouver les mêmes émotions, de partager la même indignation et de faire preuve de la même naïveté qu'une enfant de 8 ans. C'est bien, on se sent mieux quand les sujets sont pré digérés, c'est plus facile à avaler.
Cependant, aujourd'hui que les braises de l'exclusion sociale qui couvaient sous les cendres du civil rights movement depuis 50 ans ont repris de la vigueur suite aux morts de Trayvon Martin, de Michael Brown, et d'Eric Garner en 2014, il est à nouveau urgent de dire et redire le truisme qu'au fond d'elle-même une enfant éduquée sait naturellement: Nous devrions tous être égaux devant la loi et ceux qui la maintiennent.
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