Très intéressée par les sciences et en particulier la génétique, j'espérais trouver de quoi alimenter mon intérêt en lisant ce grand scientifique suédois qui, le premier ( avec son équipe bien sûr) a séquencé le génome de Néandertal.
Bien sûr, la littéraire que je suis s'est souvent trouvée un peu perdue dans les ADNmt, mitochondriaux, nucléaires, les nucléotides, les différentes techniques pour extraire l'ADN ; même si Pääbo est très pédagogue et explique clairement.
Mais ce n'est pas ce qui m'a déçue le plus. Pääbo est en quelque sorte un modèle de scientifique partagé entre sa cuisine technique et sa vie, toutes les deux intimement mêlées. Ce qui m'intéresse dans les découvertes faites autour de l'histoire des hominidés, c'est l'aspect philosophique, les questions qui se posent : pourquoi une seule branche a-t-elle survécu, comment les autres ont-elles disparu, que sait-on exactement de l'impact des gènes sur les comportements, l'évolution etc. parfois, l'auteur aborde ces questions, bien sûr, mais en bon scientifique il avoue souvent qu'on ne sait pas grand-chose encore. Il peut passer des pages et des pages à décliner les composants de l'ADN, à montrer les étapes du travail de son équipe, c'est cela, l'essentiel de son magnifique travail, mais qui parle peu à une néophyte.
Autre problème, bien sûr ce monsieur très doué est très conscient de sa valeur et prend plaisir à décrire les craintes et les satisfactions que lui procurent les luttes acharnées entre les laboratoires concurrents. Cela ne m'intéresse pas. C'est cela aussi, la science mais puisqu'il a simplifié les connaissances pour les rendre accessibles, il pouvait aussi simplifier cet aspect sans intérêt. Pas plus que ne m'ont intéressé les pages consacrées à la recherche des financements et acquisitions de machines pour sa recherche – même si j'en comprends l'importance pour lui. D'ailleurs, il ne manque pas d'un certain recul ni d'un certain humour, comme quand, rentré fatigué de son travail, il est aux prises avec son jeune enfant turbulent et insupportable, ce qui éveille en lui une question scientifique : les hommes de Néandertal, en plus d'avoir apporté un petit pourcentage de gènes à l'homme moderne, n'auraient-ils pas pu se perpétuer et générer parfois des spécimens dans le monde moderne ?...
Alors, qu'ai-je retenu de ma lecture ? Je comprends mieux les processus de prélèvement de l'ADN , j'ai en particulier pris conscience du travail énorme pour empêcher toute contamination entre les ADN anciens et les autres ; j'ai plus d'informations sur les lieux de prélèvements et la répartition des hominidés sur la planète ; j'en retire aussi quelques informations précieuses sur le rôle du social dans le développement de l'humain. Mais en fait, si j'exclus toutes les informations techniques que j'aurais vite oubliées et que je n'ai pas toutes saisies, j'ai appris très peu de choses. Surtout, mes interrogations philosophiques n'ont pas été satisfaites.