Il neige dans les livres, c'est toujours ça
Avant d'être une histoire d'amour, Neige de printemps est, pour moi, un roman d'amitié.
Kiyoaki, adolescent mélancolique, rêveur, fils d'un marquis que sa condition a rendu délicat côtoie le jeune Honda, du même age, beaucoup plus raisonné, moins passionné, qui se concentre sur tout ce qu'il peut comprendre du monde, essayant de démêler la logique des évènements qui l'entour.
Kiyoaki ne veut pas, d'abord, se laisser faire par ses sentiments. Très réservé, il s'aveugle volontairement sur l'amour qui l'incline vers Satoko, jeune fille d'une beauté rare avec qui il a été éduqué. Il ne s'en rend compte que trop tard, et leur passion grandit au fur et à mesure qu'elle devient impossible, prenant des proportions trop grande pour l'univers qui l'enclot. Honda, vivant par procuration la passion de son ami, va faire tout ce qui est en ses moyens pour l'aider. Leur amitié est d'une pureté qui réchauffe le cœur, pleine d'idéaux qui ne se brisent pas. Réveillé par la tragédie qui se joue devant lui, Honda se met à réfléchir sur la logique qu'il place au centre du monde, et qu'une si éclatante passion vient contredire.
Roman de la fin d'un monde, Neige de printemps qui se déroule autour des années 1912, montre une société japonaise encore traditionnelle basculer peu à peu vers l'occident. La passion amoureuse qui lie Kiyoaki et Satoko est comme une dernière lueur, flamboyante, des anciens temps du Japon ; en dehors de l'Histoire, elle semble porter un sens qui la dépasse. Le roman est prenant, bien écrit, même si c'est une traduction du japonais (ce qui n'est pas toujours signe d'un bon style), et tous les personnages sont approfondis, si bien qu'il est difficile de les juger totalement. Certains moment m'ont laissé sans voix, comme les passages au cours du premier été, où l'amitié prends sa pleine mesure, le départ des princes Siamois, les rapports entre le marquis et son fils, l'entrevue entre Kiyoaki et Satoko dans un wagon (j'essaie de ne pas spoiler) passage d'une intensité impressionnante, la marche dans les neiges de printemps...
Je ne peux pas encore donné mon dernier mot, compte tenu qu'il s'agit du primer tome d'un roman fleuve en quatre volumes ; mais la suite : Chevaux échappés, bien que très différente, tient pour l'instant toutes ses promesses.