On ne peut pas dire que j'aie été transportée, ni même franchement divertie par Neverwhere de Neil Gaiman, auteur que j'ai découvert à travers ce roman. Pourtant, je trouvais plutôt sympathique l'idée de départ, à savoir la plongée d'un homme de notre monde malgré lui dans un autre, sorte d'univers magique à la Dickens. Cette "ville d'En Bas" me paraissait très prometteuse. Hélas, si cet univers est bien brossé, on s'y ennuie vite. Passés les premiers traits d'humour noir et la découverte de cette Londres souterraine, le ton lasse assez vite, l'humour se révèle pas très subtil et surtout très répétitif... quand il y en a. Les deux personnages principaux sont insipides, la narration manque de rythme, et, cerise sur le gâteau, on devine qui est le grand méchant bien avant les héros, qu'on voit donc se précipiter dans un piège gros comme une maison tout en se disant "Mon Dieu, comment peuvent-ils être aussi bêtes ?"
Bref, si le début m'a divertie, l'ennui m'a gagnée peu à peu et j'ai peiné pour aller jusqu'au bout ; j'étais à rien d'abandonner ce roman qui, finalement, ne recèle rien de bien original. On passe avec les personnages de lieu en lieu, de rencontre en rencontre, dans une forme de récit un peu morne et ennuyeux. Dommage, car il y avait véritablement de la matière à exploiter, à travers le personnage de Richard et de sa descente aux enfers. On se serait en effet attendu à ce que, d'une façon ou d'une autre, le thème des clochards soit réellement abordé. Je ne demandais rien de spécialement philosophique, juste que l'auteur ne passe pas à côté d'une occasion aussi énorme. Certes, la fin, légèrement ambiguë, nous ramène à ce sujet, mais je pense qu'il y avait moyen de le développer mieux et davantage - sans sombrer dans le misérabilisme pour autant, le but de Neil Gaiman étant tout de même de divertir son lectorat.
Et le truc qui m'a complètement échappé, c'est la raison pour laquelle Neil Gaiman a écrit au moins trois versions de Neverwhere ; il ne me semble pas qu'il s'agisse là d'une œuvre qui mérite autant d'obstination... Pour ma part, j'ai lu la version author's cut, "revue et augmentée" (la seule dispo dans ma bibliothèque). Eh bien je crois que j'aurais pu largement me passer des "augmentations" !