Neverwhere est à la base une série anglaise de six épisodes diffusée en 1996 sur la BBC qui n'a été qu'ensuite adaptée en roman.
Le prologue nous présente deux personnages qui ne sont pas les héros du roman : MM. Vandemer et Croup, deux tueurs sanguinaires qui viennent de mettre le feu à une abbaye au XVIe siècle.
Richard Mahyew, le principal protagoniste, est un jeune homme sans histoire, il quitte sa petite bourgade écossaise car il a trouvé un emploi dans les placements financiers à Londres. Lors d'une soirée d'adieu avec ses amis, il sort prendre l'air et une vieille femme étrange lui lit son avenir, l'air affolé elle lui dit de ne pas franchir de portes, il ne prête pas grande attention à ses élucubrations. Arrivé là bas il se familiarise plus vite qu'il ne l'aurait pensé à cette ville hétéroclite et moderne, son travail lui plait et il a même trouvé l'amour. L'heureuse élue est une jeune fille de bonne famille, Jessica , assez snob, mais qui convient bien à l'idéal de vie de Richard, il fait tout pour bien se faire voir d'elle. Le soir de leurs fiançailles, il a rendez vous dans un grand restaurant de Londres avec elle, ainsi que son patron à qui elle veut le présenter, un homme très influent. Sur le chemin , ils croisent une mendiante étendue sur le sol et couverte de sang, Richard n'arrive pas à se résoudre à la laisser là malgré la menace de Jessica de rompre leurs fiançailles. La jeune fille refuse qu'il appelle les secours et lui demande juste du repos et de pouvoir utiliser sa salle de bains. Il lui laisse son lit et au réveil il la trouve déjà en meilleure forme, elle commence à se présenter, elle s'appelle Porte, soudain on frappe à la porte, ce sont les tueurs présentés au début du roman, ils sont sur les traces de la jeune fille, ils mettent l'appartement londonien à sac, mais elle semble s'être volatilisée. Une fois partis, elle se rematérialise comme si de rien n'était, apprivoise un pigeon pour envoyer un message de détresse, un rat lui est renvoyé comme interlocuteur. Richard n'en revient pas, elle prend congé de lui et s'excuse pour tout. Après cet épisode étrange, tout va changer dans sa vie, il semble être devenu invisible pour tout le monde, au bureau ses affaires ont été débarrassées et il n'arrive pas à attirer l'attention de ses collègues plus d'une demie seconde, seuls les clochards dans le métro semblent le remarquer, c'est le début d'une épopée fantastique pour retrouver Porte.
Neverwhere (comprenez "Nulle part") est un livre fascinant retraçant les aventures de Richard dans ce qu'on appelle le Londres d'En Bas, un monde étrange peuplé de créatures mystérieuses, de peuples dont les rats sont rois, de vampires de chaleur.... Les personnages extravagants sont, chacun dans leur genre très attachants. Il y a le marquis de Carabas, expert en arnaques et filouteries en tout genres, Chasseur, le plus grand garde du corps de tout les temps, qui se révèle être une femme mince et très jolie, Porte dont le talent est d'ouvrir des brèches n'importe où pour la mener où elle le désire. Old Bailey, représentant en oiseaux et informations, qui ne supporte que la vie au grand air et craint le Londres d'en Bas. Cette société parallèle est divisée en fiefs et baronnies, qui ne s'entendent pas vraiment au mieux. C'est un véritable monde d'Alice au pays des merveilles, aussi farfelu, mais plus désabusé. Neil Gaiman n'hésite pas à sacrifier les personnages au fil du récit, impitoyablement, on espère que "tout ceci n'était qu'un rêve", mais non. L'auteur a pris le plan du métro Londonien et lu chaque nom de station au sens propre, ainsi Ravenscourt est la cour aux corbeaux, Earl's Court La Cour du Comte où ce dernier et sa cour vivent dans un wagon de métro comme si c'était un véritable palais. Il y a aussi le marché flottant où l'essentiel de l'économie du monde d'en dessous se fait, au troc bien sûr, on peut troquer un stick déodorant contre des trésors et se délecter de spécialités à base de chat ou de volatiles indésirables. L'écriture du roman, qui alterne les points de vue des méchants et des gentils donne un drôle de sentiment de répétition, sûrement voulu, qui n'arrange rien à la folie dans laquelle on est plongé de force. Le livre est bourré de petites références historiques mythologiques et de clins d'œil à l'ami de toujours de Gaiman : Terry Pratchett. Bref, un livre de fantasy urbaine frais, divertissant, légèrement satyrique, avec une fin à sa mesure, dont le thème manque malgré tout un peu d'originalité.