Si chacun cherche son chat, Nick cache le sien (à lire à voix haute, dix fois de suite - rassurez-vous, ce qui suit ne ressemblera pas à un exercice d'élocution).
Nick cache son chat, disais-je. En effet, les animaux sont interdits sur la planète bleue. Conséquence de la surpopulation à laquelle la Terre fait face et, par extension, à la pénurie alimentaire, les chats, les chiens, les perroquets, qui seraient autant de bouches à nourrir, n'ont plus droit de cité. Mais le jeune héros de notre histoire en a recueilli un et le cache, jusqu'au jour où, dénoncée par un voisin anonyme, sa famille apprend qu'elle va recevoir la visite d'un agent du service Anti-Animaux. Les parents et l'enfant, sa boule de poils sous le bras, décident sans attendre de fuir sur la Planète du Laboureur où les animaux ne sont pas interdits et eux ne seront plus dans l'illégalité...
Dans ce court roman publié à titre posthume en 1985, unique incursion à ma connaissance de l'auteur d'Ubik dans la littérature jeunesse, les thématiques sociales et sociétales sautent aux yeux dès les premières lignes : surpopulation et pénuries alimentaires, on l'a vu, mais également leurs corollaires tels que le mal logement, le manque de moyens du système éducatif, le chômage, l'automatisation des emplois manuels ou encore les Bullshit jobs, sans oublier, bien sûr, la délation et l'immigration.
Philip K. Dick Nick et le Glimmung Folio Junior gallimard jeunesse
Mais, une fois qu'il a exilé le chat, Horace, et sa famille d'adoption sur une autre planète, Philip K. Dick change son fusil d'épaule et abandonne toutes les pistes évoquées, de la même manière que les personnages laissent derrière eux leurs soucis terriens. Place alors à un registre plus léger et récréatif. Et foutraque. Ainsi, la famille découvre sa nouvelle planète et son environnement sauvage peuplé de pélicouics, de greumzs, de krakos cornus et autres glôtrons, autant de bêtes étranges qui se livrent à une guerre sous l’œil du Glimmung, une créature menaçante et invisible...
À partir de là, le ton restera enfantin et l'histoire, pleine de trouvailles inventives et d'espèces endémiques originales, ne sortira plus du cadre espiègle de la littérature jeunesse, sympathique et anecdotique. Pas de quoi fouetter un chat, quoi.
Touchez mon blog, Monseigneur...