Nico
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Nico

livre de James Young (1993)

La Nico, c'est celle du Velvet; une légende du rock. Ce bouquin, c'est l'histoire de la fin de sa vie, durant les années 80. En 1982, elle a échoué, on ne sait comment, à Manchester. Elle est complétement accro à l'héroïne, et, difficile de le cacher, dans une très mauvaise passe. Voyez plutôt sa tronche, spectrale :
https://www.youtube.com/watch?v=_KiU5P4ihIQ


Mais à Manchester, voilà qu'elle rencontre, dieu sait comment, un certain Alan Wise, excentrique patron d'un club, qui s'en amourache et se met en tête de relancer sa carrière. Le lien ci-dessus, c'est sans doute un des premiers concerts qu'elle va donner cette année là. Wise est fou, aucun doute là-dessus, parfois génial et on peut pas dire que lui-même, à cette époque là, fasse partie du gotha du rock'n'roll. Mais c'est la période punk, qui balaie les dinosaures, et lui il a une certaine constance, romantique, dans son projet. Alors, voilà qu'il commence à rassembler un groupe pour accompagner Nico. Comme il n'a pas les Stones dans son carnet d'adresse, il rameute les potes. Parmi lesquels James Young, auteur de ce bouquin, qu'il écrira en 1992.


Groupe pour le moins hétéroclite : Young est un pianiste de formation classique, gentil garçon qui suit des études à Oxford, et qui va pourtant s'embarquer dans l'aventure pendant cinq ans. Sans jamais tomber dans la dope, c'est du moins ainsi qu'il le relate. Viennent s'adjoindre à la formation de départ, qui évoluera par la suite, un batteur et un guitariste. Ils ne sont pas très bons et, de plus, ils ne bossent pas (Nico ne répète jamais, elle passe le plus clair de son temps à se shooter). Mais ils vont tourner, d'abord en Europe, puis dans le monde entier, pendant plusieurs années. Dans des conditions franchement pourries au départ, qui iront en s'améliorant par la suite, Nico rencontrant finalement un certain succès (du moins d'estime, auprès d'un public tout de même restreint) et recommençant du coup à enregistrer des albums. Le truc qui finalement a plutôt bien réussi, en fait.


Et ça donne par exemple çà :
https://www.youtube.com/watch?v=f3Xo2qTS17Q
https://www.youtube.com/watch?v=OzAqLVTHCJQ
https://www.youtube.com/watch?v=wV1dhdIUz5U
Bon, pas vraiment une musique festive, qui dégage tout de même une certaine majesté.


Ou encore ceci, car on ne sait comment, ils vont même réussir à tourner en Europe de l'Est avant la chute du rideau de fer (on voit très bien sur cette vidéo James Young, l'auteur du bouquin aux claviers) :
https://www.youtube.com/watch?v=PNE_fFA_bwk


Pour en revenir au bouquin lui-même, c'est une chronique de ces années de tournées, narrées avec beaucoup d'humour, bourrée d'anecdotes et rythmée par les crises de manque de Nico, les plans foireux de Wise et la relation des deux, qui demeurera platonique et très unilatérale. Ça se lit avec beaucoup de plaisir, les personnages sont extrêmement bien campés, et passent sans cesse du grotesque au sublime, puis du sublime au sordide, pour rebasculer ensuite vers le grotesque. Bien sûr, transparait une vraie tendresse de l'auteur envers ces personnages hors du commun qu'il côtoya des années durant. Et, évidemment, le personnage et l'aura de Nico, feignante walkyrie à qui l'héro a ôté toute forme d'empathie (à supposer qu'elle en ait eu un jour), surplombent, royalement, sa petite communauté de zonards finis.


Et cet humour sarcastique, mais affectueux, qui constitue le ton du bouquin fait qu'à la fin, il en devient presque émouvant. Je ne sais comment dire, ça fait comme une sorte d'ode à ces derniers gentlemen de fortune qu'ait connu le rock'n'roll dans les années 80. Et puis, pour qui sait comment ça va finir, il y a un petit côté triste qui s'insinue quand on approche du terme de la lecture. La moindre des ironies n'étant pas, d'ailleurs, les circonstances de la mort de Nico, même si, c'est vrai, elle ne devait pas avoir une santé de fer.


Enfin, un très bon bouquin, à lire pour qui ne craint pas les éviers remplis de vaisselle moisie et les seringues qui jonchent le sol du living-room.

Marcus31
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le 19 sept. 2020

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