Le sous-titre de ce roman est important : Contes de l'indigène et du voyageur, il s'agit d'un triptyque.

"Nord sentinelle" est le premier tome.

Jérôme Ferrari est pour moi un grand écrivain par son style, son écriture sensible et engagée.

Un auteur qui ne cesse de questionner, de bousculer les travers de l'âme humaine et la folie des hommes à l'aide d'une narration ficelée, érudite et passionnante, toujours dans un texte court, tranchant, incisif et pénétrant. Un fil rouge qui nous relie à travers le temps, les époques, les lieux.

Son point d'encrage, la Corse, île qu'il connaît sur le bout des doigts, il n'y est pas né mais par ses origines il sait son Histoire, son passé, les vendettas, la diaspora d'un peuple souvent envahi et réduit à son folklore et aux clichés venus de l'extérieur.

Depuis 2015 il enseigne la philosophie dans un lycée à Bastia.

Le décor est donc planté, un port corse au milieu d'une foule de touristes, un enfant du pays, Alban, poignarde Alexandre jeune étudiant dont les parents possèdent une résidence secondaire sur l'île de beauté.

Ils se connaissent de longue date alors pourquoi ce geste définitif ?

S'entrelacent plusieurs fils narratifs, différents personnages et époques en alternance chronologique.

Tout l'art de J.Ferrari dans ce roman qui pourrait être vrai est son approche tragi-comique d'un fait-divers.

L'indigène et le voyageur, le sous-titre du bouquin prend tout son sens.

On comprend que J.Ferrari évoque un thème qui lui est cher, le tourisme envahissant, son arrogance blessante, condescendante, suffisante et puante (c'est moi qui ajoute ce terme).

Son analyse est corrosive, jouissante, virulente, juste et drôle malgré la gravité du sujet.

L'écriture est faite de longues phrases qu'il faut lire d'un trait pour en savourer le rythme, ne pas interrompre la lecture pour jouir d'un plaisir jusqu'à la lie.

Dur, provocateur, cruel et pessimiste !?!

Impertinence, ironie désespérée !?!

Comme le dit l'auteur, il n'est pas pessimiste mais donne à voir dans ses propos sa vision d'un monde tel qu'il est, celui de l'optimisme qui lui est hors réalité, indifférent et qui reflète la sécheresse du coeur.

Jubilatoire.

bonnie1960
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le 2 août 2024

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