Indigent !
Norilsk est un mythe difficilement atteignable. Ville fermée. Ville usine. Ultra polluée. La ville la plus septentrionale de Russie est souvent comparée à un enfer. Caryl Ferey, écrivain surtout...
le 16 déc. 2017
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Ecrivain voyageur par excellence, Caryl Ferey a l’habitude de nous conduire aux 4 coins du monde au travers de polars : en Nouvelle Zélande avec Haka et Utu, en Afrique du Sud avec Zulu, en Amérique-Latine avec Mapuche en Argentine et Condor au Chili et bientôt en Colombie.
Norilsk est une parenthèse dans son travail d’écriture. Il s’agit ici d’un récit de voyage. Voyage pour le moins inattendu pour ce baroudeur adepte des pays chauds et détestant le froid. Ce voyage, il le doit à deux éditrices qui le mettent un peu au défi de se rendre en cette terre hostile : NORILSK, ville de Sibérie, la plus froide et la plus polluée au monde. Bref, rien de très engageant. Mais c’est sans doute pour ça que Caryl Ferey se laisse convaincre, car c’est bien le dernier endroit où irait un touriste, d’autant plus que pour s’y rendre il faut un laissez-passer.
Pour cette aventure, il embarque son acolyte de toujours et compagnon de route : la Bête. Pirate étourdi et bourru qui ne manque pas de mettre de l’imprévu dans le voyage.
A la lecture de Norilsk, on claque des dents tant le froid est présent. Et surtout toutes nos images sont en gris et blanc. Pas de couleurs dans ce triste paysage : de la neige, un ciel bas, un air vicié et des cheminées de haut-fourneaux. Tout un monde isolé et abandonné.
Pourtant il se dégage une chaleur de ce récit : celle des habitants. Caryl Ferey aime les gens et ça se sent. Ses préjugés sur les russes tombent rapidement. Malgré leurs rudesses parfois, en raison de la dureté de la vie, les personnes qu’il rencontre se révèlent généreuses, chaleureuses et pleines d’amour pour ces petits français qui sont venus à leur rencontre. Car des touristes ils n’en voient pas souvent et c’est comme une bouffée d’air. Ils sont pour eux l’occasion de se faire entendre, que le monde sache qu’ils existent, qu’ils sont comme nous, qu’ils aspirent aux mêmes choses et qu’ils sont loin de l’image que Poutine donne des Russes et de la Russie, d’ailleurs « ils emmerdent le Kremlin ».
Caryl Ferey nous montre une fois encore qu’il a un faible pour les laissés-pour-compte, les oubliés, les sacrifiés. Auteur sensible et délicat, il nous embarque avec lui dans son voyage de prime abord pourri, qu’il n’aurait jamais eu l’idée de faire, ni nous non plus. Et pourtant, ce voyage est trop court, on voudrait qu’il dure encore et encore tant il est empli d’humanité. Son humour est également là pour adoucir cette dure réalité.
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Créée
le 16 déc. 2017
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Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/02/19/note-de-lecture-norilsk-caryl-ferey/
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