« Te souviens-tu, Emilie, de ce que tu me disais à propos du cercle polaire en Norlande ? Que tu aurais voulu que ce ne soit pas une ligne imaginaire tracée par des géographes mais qu’on puisse vraiment la voir, au milieu d’une forêt ou juste après un fjord ? »
Dans sa chambre d’hôpital, Clara Pitiksen, dix-sept ans, tente de recoller les morceaux d’une existence en miettes, après un massacre qui ressemble à celui d’Utoya en Juillet 2011, transposé ici dans ce beau pays de Norlande, un pays pourtant auparavant si ouvert et tolérant.
Pour se reconstruire, Clara écrit à son amie, sa presque sœur, sa correspondante française de Rouen Emilie Ambricourt, le personnage central de La grande môme (un autre grand coup de cœur de Jérôme Leroy).
Ce long fil rouge relie les deux livres car ce carnage, œuvre d’un fou solitaire, peut se reproduire n’importe où dans notre monde rendu fou par la disparition du travail, les usines qui ferment, la stigmatisation permanente des immigrés, dans notre monde affadi par des technologies trop envahissantes qui nous éloignent de l’essentiel.
Norlande, ponctué de références à « Ada ou l’ardeur », nous parle justement de l’essentiel : avant tout découvrir ou relire Nabokov ; ne pas oublier les leçons de l’histoire car, « dans la mythologie norlandaise, le temps est circulaire, représenté par un serpent qui se mord la queue » ; et Norlande nous montre enfin, que dans ce monde qui a déraillé, être passif n’est plus une option.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.