Ma méconnaissance totale de la littérature africaine m’a incité à emprunter ce livre. Signé Chimamanda Ngozi Adichie, nigériane d’origine, il présente l’avantage de ne faire qu’une centaine de pages. Légère déception, il est traduit de l’anglais (titre original : Notes on Grief), car l'auteure vit aux États-Unis. Compensation, elle écrit essentiellement sur son père récemment décédé à Aba, ville moyenne du Sud-Est du Nigéria (petit défi : situer ce pays précisément), proposant donc une sorte de biographie-hommage de la fille à son père, statisticien et tardif adepte du sudoku.


La mort du père est survenue en pleine pandémie de Covid, alors que sa fille se trouvait dans l'impossibilité matérielle de revenir au Nigéria (aéroport fermé). Même si son père était malade, elle avait pensé avoir encore un peu de temps avec lui. Sa disparition soudaine lui cause chagrin et nostalgie. Avec un peu de recul, l’écrit (réflexe de romancière) s’impose à ses yeux.


Qu'attendre d'un tel livre, sinon quelques informations sur le Nigéria et comment y vivent ses habitants. Du pays on enregistre quelques impressions, mais on sait un peu mieux comment ses habitants y vivent. Le cœur de l’auteure y retourne pour évoquer certaines coutumes et penser avec des mots en igbo, sa langue maternelle, qu’elle traduit. Outre le père, il est question des autres membres de la famille et de leur histoire familiale, des habitudes de vie de ce groupe et de leurs relations à Aba et au Nigéria. La belle personnalité du père s’impose au fil des 30 chapitres. Et même s’il est possible que la fille ait tendance à l’idéaliser, on lui pardonne car on sent parfaitement la tendresse réciproque entre les deux et donc tout ce qu’elle perd avec cette disparition. James Nwoye Adichie (1932-2020) enseigna un temps aux États-Unis. De lui, on sent qu'elle a appris beaucoup. Il devait être fier de son succès comme romancière.


L’ultime chapitre, en une seule phrase


« J’écris sur mon père au passé et je n’arrive pas à croire que j’écris sur mon père au passé. »


reflète l’état d’esprit de Chimamanda Ngozi Adichie qui fait l’expérience d’une perte cruelle. Rien de bien original en soi, mais tout le texte, dans un style d’une belle pureté, se concentre sur ce qu’elle retient. Entre son état du choc du début et tout ce qu’elle exprime par volonté de mémoire, tout est dit avec pudeur, tendresse et déférence, sans jamais chercher le sensationnalisme.


Electron
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le 19 mars 2023

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