Je suis loin d'aimer particulièrement les films de Bresson pourtant c'est un vrai bijou. Je l'ai lu sur un mois, par petite touches, pour combler des temps d'attentes donc j'ai eu le temps de méditer un peu certaines de ses notes. Certaines me semblent trop absconses (du genre "pas habile, mais agile"... bon) ça fait un peu effet de style mais j'aime ça aussi, faut dire que ça donne un sacré poids à certaines phrases et me fait vraiment sentir ce qui veut dire plus que de le comprendre comme un argument logique. Certaines sont véritablement belles, je pense celle qui m'a le plus marqué c'est celle qui dit que le film doit avoir la beauté de la maison, de la campagne, de la montagne et pas la beauté de l'image de la maison, de la campagne, de la montage, c'est exactement ça !
Alors j'ai un peu de mal à vraiment sentir ce truc de sécheresse des émotions, à être ému par ce que les modèles cachent mais je pense que je suis sur la voie, les premiers de haneke (le septième continent notamment) m'ont un l'effet que je crois deviner chez les autres quand ils parlent de Bresson. J'en ai vu quelques-uns et il m'en reste beaucoup à voir, je pense que c'était le bon moment pour lire ça, je vais laisser infuser encore un peu et je reviendrais à Bresson un jour, ce qu'il dit est trop interressant pour ne pas se pencher sérieusement sur lui.
Et puis ya plein de phrases un peu style "punchline" que je vais pouvoir ressortir pour tacler les réalisateurs que je trouve mauvais, je m'en réjouis par avance (les chef d'oeuvre du cinéma aimés pour de mauvaises raisons, le fait que la nature d'un personnage historique n'était pas d'imiter...)
Après l'histoire des modèles j'en avais déjà entendu parler pas mal, ce qui m'a vraiment marqué c'est ce qu'il dit sur le montage, que ça doit pas être les images en elles-mêmes mais l'agencement des images et des sons qui doivent faire naître l'émotion, je me retrouve carrément là dedans, tout ce qui m'a le plus ému à toujours été de cet ordre là.
En fait je retrouve un peu ce que j'ai eu en lisant nieztsche au lycée, il met des mots sur des pensées ou des ressentis que j'avais déjà eu (il le fait avec classe en plus), me montre de nouvelles choses qui m'exaltent sans que je les comprennent totalement, ça me fait cogiter après coup, mais ya toujours des points où je suis pas d'accord et ça conduit à une sorte de discussion avec lui.
Je sais pas si il aura le même impact que Nietzsche à eu sur ma vie à l'époque (je pense pas, faut pas abuser) mais ça fait plaisir d'être stimulé comme ça. Je pense que je vais le garder dans mon sac et le relire sporadiquement.
Et surtout, cette dernière citation de fou !