Notre-Dame-aux-Écailles par MarianneL
La musique de Mélanie Fazi est unique, elle fait courir les émotions sous la peau. En forme de monologues intérieurs, le récit fait monter en nous des sensations qui se déploient en volutes douces ou douloureuses, et qui affleurent par tous les sens.
Les douze nouvelles sont ici toutes remarquables. Le fantasme et le fantastique s'y développent souvent à partir de lieux, Venise, La Nouvelle-Orléans, une maison au bord du fleuve, un jardin de statues, avec des pierres, de l'eau des murs qui eux aussi sont de chair. On y croise beaucoup de créatures à écailles, serpents ou dragons, fantasmés ou réels, mais qui laissent une trace profonde et durable dans notre imagination.
Parmi de nombreux coups de cœur dans ce recueil envoûtant (en fait près de douze coups de cœur...), la nouvelle « Train de nuit », dont le héros est un train fantomatique, abri ou parenthèse pour ceux qui veulent se mettre à l'écart de la vie, est superbe et devrait trouver une très belle place dans l'anthologie des voyages littéraires en train.
« Pour un train de cette taille, je le trouve silencieux. C'est à peine si les rails vibrent à son approche.
Il s'arrête sans se presser, comme un gros reptile s'installant sur son rocher pour se dorer au soleil. Dès qu'il s'immobilise, une porte s'ouvre. Une seule. Juste devant moi.
Et je reste immobile face à cette masse de ferraille sous sa couche de poussière. »
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