Notre part de nuit de Mariana Enriquez est un roman ambitieux qui déploie une atmosphère gothique marquée par l'obscurité, tant métaphorique que littérale.

C'est un livre où les forces occultes, l'histoire de l'Argentine dictatoriale, et des personnages hantés se croisent. Dès les premières pages, on est plongé dans un monde dominé par une entité surnaturelle, l'Obscurité, avec laquelle les médiums comme Juan sont en contact. Cette force, omniprésente, plane au-dessus du récit comme une menace constante, ce qui, d'emblée, instaure une tension particulière.

Dès les premiers instants j'ai été attiré par cette histoire à l'ambiance occulte. Un roman qui m'avait attiré aussi par le fait d'avoir obtenu le prix de l'imaginaire. Après avoir été dégouté des prix Goncourt, qui semblent n'être fait que de copinage douteux, pour mettre en avant des bouses littéraires, j'avais espéré que ce prix été le dernier rempart pour m'assurer une bonne lecture... Et je me suis trompé...


Car si l'ambiance est captivante, le rythme du roman en devient vite un obstacle pour beaucoup de lecteurs. L’intrigue avance par fragments, et ce qui peut être perçu comme un mystère lent à se dévoiler peut aussi paraître, à d’autres moments, excessivement long et morcelé. On ressent un certain décalage entre la richesse du contexte historique et surnaturel, et la progression narrative qui peine à maintenir un équilibre​.

Cela se traduit par des passages où l'histoire semble s'étirer inutilement, rendant parfois difficile de rester immergé dans l'univers d'Enriquez. Les longueurs, particulièrement dans la deuxième moitié du roman, finissent par éroder l'attention du lecteur, comme cela a pu être le cas ici... Ô sacrilège j'ai abandonné avant la fin. Mais clairement, ce livre m'a assommé de détail et de sous intrigues inutiles au possible.


L'un des points forts indéniables du roman réside dans son exploration des relations humaines, souvent marquées par la violence et la souffrance. Les personnages sont profondément humains, à la fois fascinants et effrayants. Juan, le médium tourmenté, est un protagoniste complexe dont la relation avec son fils Gaspar, pris dans cette même spirale occulte, est au cœur du récit. On suit ces personnages à travers différentes époques et lieux, mais cette structure narrative, bien qu'elle ajoute à l'épaisseur du monde imaginé par l'auteure, contribue également à une sensation de dispersion.

Les sauts temporels et géographiques, aide à apporter un vent de fraicheur, qui permet de faire avancer l'histoire d'un bon coup de fouet. Ce qui est étrange, puisse beaucoup de passages auraient mérité un tel traitement.


Le contexte historique argentin, en particulier la dictature, ajoute une dimension politique et culturelle très forte au roman. Pour les lecteurs familiers avec l'histoire de l'Argentine, cela enrichit grandement le récit, mais pour d'autres, cette couche supplémentaire peut paraître écrasante. Les références historiques et culturelles ne sont pas toujours aisément accessibles, et cela contribue à cette impression d’un roman à plusieurs vitesses, où certains passages deviennent plus hermétiques.

J'aimais bien faire mes petites recherches en parallèle et m'intéressé à un pays que je ne connaissait pas bien. Mais on ne peut pas enlever que ce sentiment de distanciation peut renforcer l'idée que l'intrigue se dilue dans des détails ou des événements secondaires qui alourdissent l'ensemble​.


Le style d'Enriquez est à la fois poétique et dense, et c'est peut-être là que réside l'une des plus grandes tensions du livre. D'un côté, on apprécie la richesse du texte, sa capacité à créer des images puissantes et à jouer avec des thématiques aussi lourdes que la mort, l'occulte, et la transmission intergénérationnelle de la douleur. C'est clairement ce qui m'a aidé à tenir aussi longtemps sur ma lecture. D'un autre côté, cette densité stylistique contribue aussi à la sensation que le récit s'étire et perd de sa cohérence narrative.


En résumé, Notre part de nuit est un roman qui fascine autant qu'il peut frustrer. Son atmosphère unique, mélangeant gothique et occultisme dans un cadre argentin, est indéniablement captivante, mais la lenteur de son rythme, ses digressions historiques et sa structure morcelée en font une lecture exigeante... Exigeante pour un déroulé et une histoire oubliable. On peut être transporté par l’ampleur du monde que Mariana Enriquez construit, mais le poids des longueurs finit par écraser l’envie de tourner les pages. Dommage, car son style d'écriture et certainement le travail de traduction a été une sacré prouesse de poésie.

KumaCreep
4
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le 23 oct. 2024

Critique lue 15 fois

Anthony

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