Comme tous les après-midis, On s'y fera, Le goût âpre des kakis, C'est moi qui éteins les lumières : c'était un vrai plaisir, dans la première décennie du XXIe siècle, de suivre Zôyâ Pirzâd, livre après livre, représentante d'une littérature iranienne guère présente sur les étals des librairie. Malheureusement, cela fait maintenant un bail qu'aucune traduction de l'écrivaine nous est parvenue. Néanmoins, Zulma soit louée, une maison d'édition française continue de s'intéresser aux auteurs iraniens et, après L'automne est la dernière saison de Nasim Marashi, voici Nourri par le sang de Mehdi Yazdani Khorram, auteur né à Téhéran en 1979 ou 1980, selon les sources. Sur le site frankfurtrights.com, le style de Khorram est comparé à celui de Céline et de Dos Passos. Bigre, quel hommage et, en même temps, l'annonce d'une œuvre qui ne doit pas si facile d'accès. Cela se confirme à la lecture de Nourri par le sang qui décrit le destin malheureux de cinq frères dans les premières années de la guerre Iran-Irak. Quand le romancier se focalise sur les aléas de leur existence, tout va bien, le livre se dévore avec une écriture qui se réinvente sans cesse : familière puis poétique, avec des pointes d'humour, ou bien plus sombre. Mais les digressions, nombreuses et historiques, notamment consacrées au légendaire Saladin, surprennent et, comment le dire autrement, ennuient fortement. Difficile de rester concentré tout au long d'un livre qui est sans nul doute plus facile à appréhender pour un lecteur iranien que pour un citoyen occidental habitué à des récits plus directs.

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le 3 févr. 2024

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