J'adore l'atmosphère sensorielle et indéfinissable que Salinger arrive à mettre en place en deux-trois phrases, ses ébauches de personnages intrigants et la tendresse avec laquelle toute ses nouvelles se terminent. J'aime beaucoup son rapport à l'enfance, ses gamins plus clairvoyants que les adultes, sûrs d'eux et de leur intuition, déstabilisants, plein d'une "beauté encore mal éclose, mais réelle". Les histoires qui me sont restées perméables planent encore au dessus de ma tête, c'est bien une des seules fois où je ne suis pas frustrée de ne pas tout comprendre. D'autres ont raisonné violemment en moi (Teddy, Pour Esmé). Derrière chaque nouvelle, on sent l'immense sensibilité d'un auteur effaré par l'absurdité et la cruauté du monde (la guerre, souvent en filigrane). Une lecture touchante même si je l'ai trouvé souvent alourdi par des détails cinématographiques en profusion (placement des personnages, mouvement imperceptibles des corps).